C’est un artiste peintre plutôt simple et discret qui vient d’installer son atelier au cœur de la ville ancienne à Terrasson (24), rue de la Halle, entre l’église St Sour et les Jardins de l’Imaginaire. Pourtant, ses tableaux séduisent une clientèle assez aisée et sa côte pourrait bien monter dans les prochains mois. Son nom : Delamonica.
Le quartier de La Nicle lui a tendu les bras… « L’ambiance du quartier me plait bien. Les gens sont sympas. En plus, il me faut un cadre ancien. Je ne suis bien que dans les vieilles pierres pour peindre » dit l’artiste. Sur place, son épouse Françoise et sa fille Adelaïde, déjà là depuis bientôt un an, créent des chapeaux et des colliers.
Son passage à l’école d’arts appliqués de Roubaix a été une première chance… « J’ai découvert la notion du beau dans cette école » reconnaît l’artiste avant d’expliquer « le beau, ça n’existait pas dans le milieu ouvrier. Je suis né dans le laid…
Je viens d’un milieu plus que prolétaire du nord de la France et ce n’était pas gagné. J’étais destiné au bâtiment, comme mes cousins. Passer en 6e, c’était presque du sacrilège, du snobisme » dit-il. Il débute professionnellement dans la publicité. Puis, il y a 35 ans, ils décident de s’installer à Nadaillac puis Ladornac. Et la peinture, petit à petit, a pris le pas. « Je gagnais plus que dans la pub. Alors je n’ai pas hésité à quitter ce métier d’apparence et artificiel où j’étais assez mal à l’aise ».
Deux événements importants marqueront son parcours : une exposition et un contrat dans une galerie parisienne… Delamonica raconte : « tout a commencé dans une expo au château de Sédières où j’ai vendu 15 toiles. J’ai été repéré par une galerie de Bordeaux et tout est parti de là. Les galeries se sont enchaînées. Et puis un jour Olivier Dyan, le dirigeant de la galerie Artclub rue de Rivoli, en face du Louvre, m’a appelé à Ladornac, et m’a demandé de travailler en exclusivité totale avec lui. C’était mon voyage à La Mecque ! Ainsi, toute ma production, depuis 2004, est partie chez eux. Cette boutique a une clientèle de grands collectionneurs. L’un d’eux, côté 20e au CAC 40, m’a commandé 25 toiles et m’a fait faire un coq pour la coupe du monde de rugby. J’ai des toiles qui sont parties aux Etats-unis, à Hong-kong, un peu partout. Un autre coq en réduction m’a été commandé par le spationaute Patrick Baudry pour l’offrir à un émir arabe… »
L’artiste parle de sa peinture qui est aussi une composition, un montage… « On me dit souvent que c’est de style symboliste et onirique. Les russes s’y reconnaissent… Je ne fais pas d’esquisse. Je peins ce que j’ai en tête et ça coule de source. Cela ne s’explique pas par des mots. C’est comme si l’on demandait à un écrivain de peindre ce qu’il a écrit… C’est une peinture gigogne, une peinture dans la peinture. Le premier coup d’œil de loin est abstrait. Mais quand on s’approche, c’est très figuratif, très coloré et l’œil s’y perd, parce qu’il y a beaucoup de matière » dit Delamonica. « La toile, je ne la fais pas d’un seul jet. Je la laisse de côté et je reviens avec un œil neuf. Parfois je la découpe. Je n’ai rien inventé. Matisse faisait ça et d’autres avant lui. J’utilise cette technique. Parfois, je fais trois toiles pour n’en faire qu’une au final. Je ne peins pas la réalité. Ce sont des visages oniriques de contes qui ne sont pas réalistes. Les regards ne fixent d’ailleurs pas le spectateur… Il n’y a pas d’orthodoxie dans la peinture. Il n’y a pas une façon de peindre, il y en a mille. » Et il ajoute : « tout est dans le détail. C’est de l’onirisme, je raconte une histoire ».
Ses tableaux sont de couleurs vives, comme pour faire un pied de nez à « notre époque en noir, reflet d’un contexte économique ». C’est un équilibre parfait dans les couleurs. La quête spirituelle de l’artiste est peut-être là, dans ce damier qu’il représente parfois. « Oui, il exprime la dualité. La quête est de se trouver une 3e voix… » Chaque tableau représente une étape vers le haut. « Rien n’est gagné. A chaque peinture, j’essaie de mettre un cran plus haut ». Parmi ses maîtres, un graphiste des années 75, Pierre Legonidec qui « m’a fait découvrir une belle courbe, une belle spirale… »
Delamonica mesure son chemin parcouru… « Ma première peinture à l’huile à l’époque ? Petit, je peignais le Poulbot et le Gavroche. Puis des couchers de soleil quand j’étais adolescent. Après, c’était du surréalisme, il fallait faire du Dali. Ensuite, j’ai fait du contemporain. Mais tout est dans le discours, l’image est secondaire. Et j’ai glissé vers le figuratif contemporain » souligne le peintre qui est aussi sculpteur et musicien à ses heures. L’année 2011 pourrait lui apporter une certaine consécration avec une exposition à Lausanne (Suisse) en septembre et un projet avec une grande marque de luxe.
Alain Rassat le 20 février 2011. EWANews, Tous droits réservés, texte et photos.