Alzheimer est une maladie qui peut faire peur et comprendre ses symptômes peut permettre de mieux diagnostiquer cette pathologie qui touche 1,2 million de personnes en France aujourd’hui. « Ce qui veut dire que tôt ou tard nous serons tous confrontés de près ou de loin à cette maladie. C’est le fléau du siècle » selon le docteur Chaillou-Vaurie spécialiste de l’hôpital de Tulle qui a animé jeudi une conférence sur le sujet.
A la salle des fêtes de Terrasson, la réunion publique a été organisée par le CLIC (Centre Local d’Information et de Coordination Gérontologique) du Périgord noir en partenariat avec la ville et le CIAST (centre intercommunal d’action sociale du terrassonnais). En partant du fait que, « pour aider le patient, il faut déjà comprendre qu’il est malade », de nombreux exemples concrets ont été donnés…
La soirée s’adressait avant tout aux aidants professionnels et à ceux des familles. En effet, « le coût énorme de la dépendance qu’entraîne cette pathologie » oblige souvent le maintien à domicile. Tout au long de la soirée, le médecin a donné des conseils aux aidants, a évoqué la différence entre un vieillissement normal et la maladie, et a souligné que « cette maladie n’est pas seulement liée à la mémoire, contrairement aux idées reçues ». C’est une maladie du corps et de l’esprit, qui vient du plus profond de soi, des cellules, des protéines, et que l’on peut avoir 5 à 10 ans avant qu’elle ne se déclare.
Parmi les premiers symptômes, c’est parfois un contraste saisissant. « Le futur patient se rappelle dans le détail des souvenirs lointains mais absolument pas de ce qu’il a fait hier matin ! » dit le médecin. C’est aussi le cas du mari qui était avant pointilleux et qui du jour au lendemain reste assis sur son tabouret toute la journée. Les scènes de ménage se succédaient… « Il ne fait plus rien !» disait son épouse ! Le médecin conseille alors « de l’accompagner et de l’inciter à effectuer des tâches ».
C’est aussi la personne qui se pose tout le temps les mêmes questions « car elle ne se souvient pas et ça l’agace » . A ce stade, le docteur incite d’ailleurs à utiliser des pense-bêtes placés toujours au même endroit ou même des agendas pour tout noter : ses idées, ses pensées. Ce sont aussi des troubles de langage comme quelqu’un qui oublie le mot précis du téléphone et qui va dire : « tu sais, le truc qui sert à appeler ». Ce qui est douloureux pour le patient car « à force de ne plus être compris, c’est une source d’angoisses ».
Au langage oral peut s’ajouter les problèmes à l’écrit. La lecture peut devenir incomprise. Certains ne savent plus s’habiller ou manger. « Tout le monde n’évolue pas pareil » souligne le médecin qui encourage à garder l’autonomie du patient le plus longtemps possible. « S’il peut encore manger, même avec ses doigts, il faut le laisser faire ».
Certains troubles du comportement peuvent être particulièrement difficiles à supporter pour les aidants, tels les troubles du sommeil, la mise à la bouche de tous les produits. La déambulation doit être respectée et accompagnée… Cette maladie peut également être émaillée de troubles sexuels et d’incontinence « que l’on peut parfois améliorer par un dispositif lumineux qui s’allume automatiquement la nuit pour le guider du lit vers les toilettes ».
Alain Rassat
photo: le docteur Chaillou-Vaurie (à gauche) a animé une conférence sur sa spécialité