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Lévriers espagnols : adopter un podenco pour le sauver

 

En Espagne, c’est une pratique d’un autre âge qui perdure dans certaines régions. A la fin de chaque saison de chasse, en février mars, les tueries recommencent. Des chiens lévriers, ou galgos (en espagnol), sont massacrés par leur maître. 50.000 lévriers par an. Une pratique difficilement compréhensible et qui ne suscite aucune réaction ou presque de la part des autorités. Ce sont alors des scènes insoutenables : un galgo attaché à un arbre au bout d’une corde et la pauvre bête est abandonnée jusqu’à mort s’en suive. Ce n’est pas un film d’horreur mais une cruelle réalité, celle de milliers de lévriers en Espagne et particulièrement dans le sud du pays. Aucun chasseur n’a été condamné pour l’instant à une peine de prison pour ce qu’il conviendrait d’appeler un crime. La cause des lévriers espagnols est défendue par l’Europe des Lévriers, une association qui a réussi à réaliser près de 700 adoptions sur toute la France depuis sa création en 2006. Sur son site internet actuellement, 60 chiens dont 15 podencos sont proposés à l’adoption. Deux d’entre eux sont en terrassonnais…

« Les podencos sont aussi torturés que les galgos et subissent les mêmes choses. Et en plus de ça, ils sont boudés par les adoptants par méconnaissance de la race. Du coup, je ne récupère que des podencos. Je me suis spécialisée dans ce sauvetage » dit Katia Evrard, déléguée Dordogne Limousin de l’Europe des Lévriers. Dans sa maison de La Bachellerie, parmi ses huit chiens sauvés de l’enfer, deux sont en attente de maîtres.

Quand l’adoption est un sauvetage à la barbarie

« Quand on les récupère, c’est horrible, car c’est vraiment gratuit et d’un autre temps. Ils font ça en toute impunité et cela ne pause de problèmes à personne ! Des chiens ont eu les yeux crevés, ont été piqués à l’acide. C’est de la torture. L’un avait été brûlé à la cigarette…» dit la déléguée locale. « L’Espagne est le seul pays européen où la chasse avec des lévriers reste autorisée. Cette chasse ancestrale est interdite en France depuis 1844. Cette pratique s’accompagne souvent, lorsque l’animal n’est plus apte, de tortures, pendaisons ou mutilations. Cette tradition de chasse est perpétrée au fil des générations. Le plus souvent, c’est une pendaison. Si le chien a bien chassé, il aura une pendaison rapide, donc haute. Si le chien n’a pas fait son travail, il aura une pendaison basse. Cela s’appelle la méthode du pianiste où les pattes arrières touchent le sol. Le chien met alors des jours à mourir. Ils peuvent être aussi traînés derrière des voitures, sous prétexte qu’ils ne courrent pas assez vite, ou jetés dans des puits.Ces chiens sont considérés comme des armes de chasse et non comme des animaux de compagnie » explique la responsable locale.

« L’association a été créée pour soutenir les refuges espagnols qui ont été ouverts sans subvention pour aider ces chiens. En Espagne, il y a tellement peu de protection animale qu’il y a un réel besoin de dons financiers et de matériels. Nous y allons une fois par mois et nous emmenons croquettes, couvertures, laisses, colliers, tout ce qui peut servir aux refuges. Ensuite, c’est l’adoption. Etant donné que ces chiens ne peuvent pas être adoptés là-bas car personne n’a l’idée d’avoir un chien de chasse chez lui. Nous ramenons ces chiens pour les faire adopter par les Européens. Et puis, nous souhaitons que ce pays applique les lois européennes, interdise les pendaisons de chiens et poursuive les galguéros (chasseurs) qui martyrisent leurs galgos. En Andalousie, personne ne nous aide à trouver les forêts où les lévriers sont pendus. Une loi du silence s’instaure sans doute par peur des représailles » dit-elle.

Des lévriers martyrs à la recherche d’un nouveau foyer et d’une vie meilleure

« Un chien va s’adapter à votre vie très rapidement. Il sera souvent propre. C’est vraiment impressionnant. C’est très calin comme chien, très facile à vivre. Ils ne bougent pas, ils sont adorables. C’est d’autant plus fou de leur faire subir tout cela » dit enfin katia Evrard. La morphologie du podenco est différente du lévrier traditionnel. « Il y a un podenco pour chacun : des grands et des petits » dit-elle avec le sourire. Il faut compter 250€ par chien pour le rapatrier, le tatouer, le vacciner et le stériliser. De plus, l’association reste en quelque sorte la marraine des lévriers qu’elle a sauvés. Une clause dans le contrat d’adoption oblige l’adoptant à faire appel à l’association si, un jour, il est dans l’impossibilité de le garder. L’association vient de tenir un stand à l’exposition canine internationale de Pau les 16 et 17 avril.

Alain Rassat

En savoir plus :

 

Photo : Katia Evrard représente sur notre région une association de soutien pour les refuges qui accueillent des lévriers de chasse et propose leur adoption

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