Le cavalier Clovis Debève était de passage à Terrasson pour le jumping. Quelques jours après, il est à Pompadour aux épreuves d’élevages cycles classiques. Ses écuries sont situées près de Villebois-Lavalette en Charente. Son parcours est atypique. « Actuel top 10 du classement amateur en CSO » (concours de sauts d’obstacles) peut-on lire sur son site internet, il est aussi dresseur et instructeur. Il entraîne notamment des cavaliers handicapés compétiteurs comme par exemple, depuis dix ans, Pascaline Dalseme qui est IMC (infirme moteur cérébrale), sélectionnée depuis deux mois pour le championnat de France valide de dressage qui aura lieu à Lamotte-Beuvron en juillet prochain, et qui a été sacrée championne de France d’obstacles handisport en novembre dernier, ou encore son ex-compagne Laétitia Bernard, non-voyante de naissance, multiple championne de France de Jumping handisport. Une rencontre avec Clovis Debève ou l’art de la communion avec sa monture…
Qu’est-ce qui vous plait dans l’équitation, en sachant que vous n’êtes pas que cavalier ?
Clovis Debève : « C’est vrai que je n’ai pas qu’une seule casquette, celle de monter des chevaux à l’obstacle… J’ai passé dix ans de ma vie dans le milieu du dressage, et particulièrement dans le milieu de la tauromachie à cheval qui demande beaucoup de dextérité. Et après j’ai passé neuf mois avec Philippe Karl, un écuyer du Cadre Noir à Saumur. Ce qui me plait dans l’équitation, c’est de ne pas être dans uns une seule chapelle. J’ai aussi entraîné mon ex-compagne Laétitia Bernard durant cinq ans ainsi que huit autres cavaliers handisports, manchot, IMC ou maladie de parkinson…
Je n’ai pas fait de formation de thérapeute équestre. C’est le bon sens et l’envie de mettre ce que l’on a appris dans la vie, comme se servir de son cerveau pour imaginer des solutions palliatives afin de dresser des chevaux et de les rendre fonctionnels pour une personne à qui il manque un bras, par exemple… C’est un peu tout ça qui me plait dans l’équitation. »
Pour réussir ce défi, instructeur handisport, c’est une communion, une relation d’amour presque non ?
C.D. : « Quand on est lancé au plein galop avec quelqu’un, où moi je suis devant avec un cheval, une autre personne derrière moi, comme Laetitia Bernard qui n’a jamais vu de sa vie, alors soit l’on est complètement inconscient, soit on se pose la question : les limites ne sont-elles pas celles que l’on a envie de se mettre ?… Il y a une phrase qui m’a beaucoup plu de Saint Exupéry et qui a ouvert un raisonnement en moi étant adolescent : « je l’ai fait car je ne savais pas que c’était impossible ». Bon, c’est vrai qu’il y a beaucoup d’émotion, on est dans l’incroyable mais vrai. » Et puis il ajoute en parlant des chevaux « et puis ce sont eux qui décident »…
Est-ce que votre singularité ne fait pas un peu figure d’incompréhension dans le milieu des cavaliers ?
C.D. : « C’est vrai qu’au début on devait me prendre pour un saltimbanque, un cavalier de cirque. Certains me disaient : c’est dangereux, vous n’avez pas le droit de faire ça. Nous ne sommes pas des enfants. Une cavalière handisport a droit à son bonheur aussi. Pascaline le disait déjà très bien : si je tombe, qu’est-ce qui va m’arriver de pire ? Je suis déjà cassée… Mais on ne peut pas empêcher les railleurs et à la limite, je suis content dès fois quand je suis décrié. Cela veut dire que cela fait parler. »
Que pensez-vous du parcours de Terrasson ?
C.D.: « Je l’adore puisqu’il me réussit. Déjà samedi quand je suis arrivé avec mes propriétaires, notamment anglais, ils ont dit « oh wonderful, fantastique ! » Le cadre est verdoyant, et il y a un public du centre ville qui apprécie une belle prestation et qui n’hésite pas alors à applaudir. Et puis les paniers garnis pour les premières places ne me laissent pas de marbre !…»
Vous participez à ce jumping avec des chevaux qui ont un très beau parcours ?
C.D.: « Oui comme Quarpe Diem de Billy (sur la photo), une jument de sept ans qui a finit 2e dans des épreuves d’1,30 m. Il y a aussi Hyper Debcrevon avec qui j’étais 35e pro2 en 2005 ».
En savoir plus : www.ecuries-lamblardie.com/
Interview à voir en partie en vidéo sur Terrasunt.fr rubrique « animations » puis « jumping »