A Bersac, la salle St Laurent affichait complet. Albert Rouet n’était pas là en tant que prélat (il est archevêque émérite de Poitiers) mais en tant que philosophe et intellectuel chrétien. L’ARES, Atelier de Réflexion Ethique et Sociale, avait organisé cette rencontre sur le thème de la famille et de la transmission. Dans son exposé, Albert Rouet a parlé de la famille, de son origine et de son évolution. Il en est venu naturellement au mariage contemporain « fondé uniquement sur l’affectif et l’émotif ». Cette situation, historiquement nouvelle, explique, selon lui « les nombreux échecs du couple stable pourtant plébiscité par les jeunes ». Si cette intervention, brillante et documentée, n’a attiré que peu de commentaires, il n’en a pas été de même avec la suivante sur la transmission.
Deux points de vue se sont fait face. Celui d’Albert Rouet pour qui, à côté de l’obligatoire instruction et éducation, existe une transmission dont « l’essentiel nécessite exemplarité et cohérence entre le discours et la vie du transmetteur ». Selon lui, « pour être reçu, cet enseignement doit correspondre à un intérêt direct de l’enfant. On transmet une relation aux gens et aux situations dans un dialogue » dit-il. « Vérité et liberté sont les deux axes de cette transmission. »
En face, certains ont considéré qu’il y a un devoir de passage d’un héritage des générations passées vers les générations futures…
Cet effort qui est valable pour les parents doit être aussi celui des enfants qui font partie d’une famille culturelle ou spirituelle. De la confrontation d’opinions divergentes est née une discussion libre et dense, parfois passionnée. Les questions ont porté sur la nécessité d’un couple d’être uni et cohérent, sur le désir de transmettre une éducation structurante et utile pour l’enfant, sur l’importance du rôle des grands parents, sur l’importance du temps à consacrer au dialogue entre générations… Albert Rouet n’a pas proposé de solution miracle. Il a simplement apporté son expérience et, à l’aide d’exemples concrets, a répondu aux interrogations et a sensibilisé les participants à l’importance et aux difficultés de la relation avec les jeunes. Avant de repartir, Mgr Rouet s’est dit « content et agréablement surpris d’avoir rencontré un groupe à la parole aussi libre et stimulante… et même parfois bousculante ».
L’ARES existe depuis un an, se réunit tous les mois alternativement à Montignac et Bersac (Le Lardin) autour d’un sujet impliquant personnellement les participants. Les sujets déjà traités ont abordés des thèmes autour de la mort (3 réunions), la science et la conscience (2 réunions) et maintenant de la famille (4 réunions).
Photo : de gauche à droite Albert Rouet, Henri Delage modérateur et Thomas Magimel prêtre