La commune du Lardin St Lazare doit-elle valoriser son identité industrielle, son fort patrimoine encore trop méconnu et sa situation de porte d’entrée de la vallée de la Vézère ? Une approche paysagère, historique et un inventaire patrimonial ont été présentés par des étudiants de BTS gestion et protection de la nature afin de nourrir des réflexions sur l’avenir.
Pour accéder à la salle des fêtes, le public emprunte un chemin étroit. De chaque côté, derrière un rideau plastifié jaune, s’échappent des mots qui interrogent : chômage, désertification du village… 22 étudiants (*) naturalistes, de plus médiateurs et dont le rôle est de sensibiliser et d’éduquer à l’environnement, accueillent le public. Ils présentent une enquête de plusieurs mois comme des spécialistes, mais en jouant la comédie, afin de se projeter dans Le Lardin 2040. Mais dans la cité papetière, est-il possible d’imaginer un avenir différent de ce qui a fait vivre jusqu’ici des générations d’ouvriers ? Au passé industriel riche, et à l’histoire administrative d’une commune qui a changé plusieurs fois de nom, les étudiants ajoutent un inventaire du temps présent. La commune est située sur un axe de communication (autoroutes…) et, jusqu’en 2014, au centre de quatre communautés de communes : Terrassonnais, pays d’Hautefort, Vallée de la Vézère, et Causse et Vézère dont elle fait partie. Pas à pas, un enjeu touristique se dessine, alors que le label Grand Site est en projet dans la vallée Vézère, « un site unique au monde selon les préhistoriens du monde entier ».
Un carrefour naturel expliqué par la géologie
Pour présenter la démarche, quatre ateliers étaient proposés : géologie, paysage, patrimoine et histoire industrielle. « C’est la géologie qui explique la diversité de paysages du Lardin » raconte l’un des étudiants. Côté paysages, la vallée du terrassonnais, la vallée du Coly et la vallée de la Vézère se rejoignent sur cette commune. Les roches aussi se rencontrent ici. Carte géologique à l’appui, l’étudiant Alex fait remarquer le caractère exceptionnel du site. « Sur Le Lardin, nous avons toutes les couleurs » dit-il.
Pour aider à comprendre ce rôle central, les étudiants remontent jusqu’à 300 millions d’années. « Au Lardin, nous avons eu un affaissement côté sud au niveau de la falaise… » Puis, l’érosion de la roche a permis le destin industriel de la cité. Le charbon était à l’origine de le première industrie locale. Nous avions du charbon et du sable à côté, d’où la présence de la verrerie. Nous avons aussi une falaise qui est calcaire et celui-ci quand on le chauffe, cela fait de la chaux ». Côté végétation, « nous avons une pelouse sèche, caractéristique des climats méditerranéens ». Certains arbres sont présentés : chêne-vert, genévrier… Des particularités géologiques qui pourraient être donc une richesse de plus à ce pôle d’attractivité industrielle.
Un avenir blanc, gris ou rose ?
« Pour nous, c’était de trouver ce qu’il y a comme richesses, au-delà de la papeterie, pour que cette commune continue à vivre à l’avenir et s’inscrive même dans le projet Grand site » explique Alex. Comme pour bousculer le public, un scénario gris est présenté comme le prolongement logique de la situation actuelle avec une population vieillissante, une papeterie qui embaucherait de moins en moins, et sans doute des services publics moindres. A l’inverse, un scénario rose est présenté comme un avenir positif, souhaitable, valorisant les différents patrimoines, les richesses, son passé industriel, la patrimoine naturel, la géologie, l’agriculture… « A vous de penser votre avenir ? » lance alors un étudiant… L’étude s’inscrivait dans le cadre d’un enseignement de gestion patrimoniale qui consiste à cerner les richesses d’un territoire pour ensuite les valoriser. Les étudiants remettront leur enquête par écrit à la commune dans quelques semaines. Alain Rassat.
(*) Etudiants en 2e année de BTSA GPN (gestion et protection de la nature), spécialité animation nature au lycée agricole de Coulounieix Chamiers (24).