Mme Capmas-Faure directrice de l’école maternelle de Montignac a entamé une grève de la faim depuis le 10 avril pour dire « non à la suppression d’une classe » et « pour tenter de faire bouger les choses ». Quelles sont les différentes raisons qui ont poussé l’institutrice à prendre cette ultime décision ?
« Nous sommes sur des modes de calcul en permanence. Nous avons une grande variabilité d’effectifs sur Montignac et l’on devrait nous laisser un écart possible » dit-elle. A la rentrée prochaine, une classe va disparaître dans son école. Bien sûr, on pourra cependant rouvrir la classe le jour de la rentrée s’il y a assez d’élèves, mais en attendant l’enseignante de cette classe va demander un poste ailleurs. « C’est un sentiment d’injustice profond. On est face à un paradoxe : on va fermer une classe, quoi qu’il arrive, parce qu’il va falloir ouvrir une autre classe ailleurs. On va donc essayer de faire entrer les chiffres, coûte que coûte, quitte à provoquer des fractures énormes dans les équipes. C’est une remise en cause de tout ce que l’on fait. »
De nombreux soutiens
Elle a reçu le soutien de l’association des parents d’élèves, de nombreux parents, des messages de nombreux enseignants sont arrivés de plusieurs départements, et de certains élus locaux, notamment du conseiller général Jacques Cabanel, ancien directeur de l’école primaire. L’entourage direct de l’enseignante et sa famille sont avec elle. Une famille où l’on est d’ailleurs enseignant depuis trois générations, après un oncle et une grand-mère institutrice. Elle est donc bien placée pour témoigner du malaise qui frappe actuellement l’enseignement où « l’humain n’a plus sa place dans les décisions de l’Education nationale » selon elle.
Tisanes sucrées et un peu de lait
Sa grève de la faim continue. « Je me sens très très fatiguée. J’ai des chutes de tension » dit-elle en se levant de sa chaise et d’ajouter « excusez-moi, je vais prendre une tisane avec un peu de sucre, je commence à avoir des vertiges ». Déterminée, cette mère de famille pense néanmoins aux conséquences sur sa santé physique et pourrait arrêter son action dans le cas où elle devrait aller à l’hôpital. « C’est mon organisme qui m’arrêtera. Je suis aussi mère de quatre enfants, je ne veux pas avoir de séquelles graves ».
La date qui a été choisie pour lancer son action, avant les vacances scolaires et avant les élections présidentielles, « n’est pas anodine » reconnaît l’institutrice. « J’espère qu’au niveau local il y aura une prise de conscience sur ce qu’on inflige à notre école. Je pensais pas qu’au niveau médiatique cela aurait un impact aussi rapide. Je souhaitais simplement interpeller l’opinion publique sur le monde de l’enseignement qui est actuellement en souffrance » dit la directrice qui ajoute « je fais pas de politique non plus. L’avenir de nos enfants, c’est notre avenir à nous. Et tous les moyens que l’on enlève à l’école, ce sont des moyens qu’on enlève à nos enfants et aux générations futures ». Alain Rassat