Terrasson : la résidence Akérys Le Boléro inondée

Mardi 21 août 2012, 15h30, il fait très chaud sur Terrasson (36° env.) quand tout à coup, au second étage du bâtiment « A » de la résidence « Le Boléro-Akérys », quartier situé derrière la gare à Terrasson, le bruit d’un jet d’eau puissant se fait entendre dans un placard du couloir. « Peut-être bien 10 bars » dira un pompier plus tard. Une canalisation en PVC (avant compteur) vient de céder. L’eau jaillit sur les murs et la porte d’une résidente en face, et envahit sans attendre le couloir en se déversant comme une cascade dans l’escalier. Si ce rafraîchissement involontaire pouvait faire sourire, les conséquences d’un dégât des eaux sur les biens et les personnes sont plus sérieuses. Il n’y a pas eu de blessé mais l’incident fait prendre conscience des risques encourus par les résidents et qui auraient pu s’avérer plus graves.

« J’avais l’impression d’être dans le film Titanic » dit cette résidente du 1er étage avec le sourire. Les deux locataires du 2ème, les plus proches de l’arrivée d’eau, étaient heureusement présents. Après avoir déposer vite quelques serviettes derrière leurs portes d’appartement, ils tentent de couper l’arrivée d’eau dans le placard du couloir. Plusieurs robinets sont fermés sans succès. Heureusement que ce ne sont pas des personnes très âgées ou de jeunes enfants laissés seuls quelques instants… Apeurés, ils appellent les secours, le 18 qui, une fois l’alerte donnée répondent : « je transmets à Terrasson » ! Cinq à six minutes viennent sans doute de s’écouler. Le torrent d’eau continue d’envahir les lieux. Dès qu’il a raccroché le téléphone aux pompiers, Alain crie sur son balcon « au secours »… Une jeune résidente dans le bâtiment d’en face sort de chez elle pour lui demander ce qui se passe. « Inondations. Où est l’arrivée d’eau de la résidence ? » lance-t-il. Le mari de la jeune locataire, Stéphane, arrive alors à son tour, se fait ouvrir la porte d’accès de l’immeuble, et se met à la recherche de l’arrivée d’eau du bâtiment. Située dans un placard du rez-de-chaussée, légèrement dissimulée derrière des compteurs d’eau, il coupera la vanne d’arrêt d’urgence environ quinze minutes après la rupture de la canalisation. L’eau continuera de s’écouler du tuyau éventré mais seulement comme d’un vulgaire robinet. Les pompiers arrivent : pas de blessés. Ils se mettent aussitôt à l’ouvrage pour vider les eaux du bâtiment avec des tuyaux et des gros aspirateurs. Les compteurs électriques de chaque résident sont coupés et l’électricité générale du bâtiment le sera vers 18 heures.

L’eau a été remise en service vers 22 heures après la réparation effectuée par un plombier et le lendemain mercredi vers 15 heures c’était au tour de l’électricité. A noter la venue sur les lieux d’une dizaine de sapeurs-pompiers, de deux gendarmes municipaux et du conseiller municipal Romain Veysset. Le lieutenant Tosoni chef du centre de secours de Terrasson a fait un briefing vers 18 heures mardi pour rassurer les résidents à qui il a conseillé de vider congélateurs et réfrigérateurs sans tarder. « L’eau et l’électricité ne reviendront sans doute pas ce soir et il vaut mieux prévoir » dit-il. Brigitte Maradène de la police municipale invite à son tour les résidents à se faire héberger dans leur famille ou à l’hôtel. « Les frais seront pris en charge par les assurances » ajoute une responsable d’Akerys venue sur place.

21 appartements touchés ! Avec sept appartements par étage et une rupture de canalisation au milieu du couloir du 2ème et dernier étage de ce bâtiment, ce sont les 21 appartements qui ont été plus ou moins touchés. Certains n’ont pas grand chose, les locataires étaient sur place pour éponger l’eau au fur et à mesure qu’elle arrivait. Mais beaucoup n’ont rien pu faire. La résidente du 2ème face au placard a été inondée jusqu’à sa cuisine. Elle a mis à sécher tout son mobilier du salon sur le balcon. Au premier étage, l’un des résidents a été aussi entièrement inondé. Les moquettes des deux chambres ont été touchées et le mobilier avec. « L’eau ressort par les plinthes » remarque une résidente du 2ème.

Les inguiétudes gagnent maintenant les habitants. « Que serait-il arrivé un dimanche après-midi quand on est pas là ? » dit un jeune d’une vingtaine d’années qui heureusement occupe l’appartement de ses parents absents. « Que serait-il arrivé en pleine nuit quand tout le monde dort et si l’eau s’écoule à ce débit pendant une heure ou deux ? » s’inquiète un autre. Comment ne pas s’interroger aussi sur la bonne foi des constructeurs qui ont autorisé l’installation de telles canalisations en PVC dans ce bâtiment qui reçoit, « semble-t-il accessoirement », des personnes et des enfants ?!…

Interrogations. Cet incident dévoile une question : est-ce que ces jeunes résidences (celle du Boléro d’Akerys n’a seulement que 8 ans !) sur Terrasson seraient construites avec des « budgets au rabais » ? Qui a autorisé ces installations ? A en croire l’avis de spécialistes qui commentent l’installation de ces canalisations d’eau en PVC…  « Il faut tout changer. Cela n’aurait jamais dû être accepté » dit un plombier professionnel. Un autre connaisseur fait remarquer le poids considérable de plusieurs kilos de ces compteurs d’eau. « Ce poids est supporté par la canalisation, là précisément où a eu lieu la rupture » fait remarquer un plombier venu sur les lieux ce mardi après-midi d’août. Un résident avait aussi remarqué la présence de Véolia aux abords de la résidence aux moments de la rupture de la canalisation. « Oui. C’est un peut-être un coup de bélier, une sur-tension qui a provoqué la rupture » ajoute un plombier.

Plus grave encore : ce problème est récurrent ! « Le même problème est arrivé dans le même placard, il y a deux ans, en novembre 2010 » dit avec stupéfaction l’un des résidents du bâtiment « A » aux plus jeunes locataires. « Cela arrive tous les ans » dit un autre. Les résidents présents depuis plusieurs années l’apprennent donc aux nouveaux à qui l’on s’était visiblement bien gardé de le dire. La désinformation semble bien utile quand on recherche de nouveaux locataires. N’aurait-il pas été pourtant plus efficace pour Akerys d’avertir les nouveaux arrivants de ce problème, en informant où est précisément l’arrivée d’eau générale du bâtiment (il semblerait que l’accès soit interdit dans les armoires du couloir). « Je l’aurai su, l’eau aurait été coupée en moins de deux minutes » soupire Alain, l’un des locataires qui a donné l’alerte et qui réside là depuis seulement trois mois. « Nous avons eu le même problème » ajoute une personne du bâtiment B qui rappelle que le rez-de-chaussée de son bâtiment a par ailleurs été inondé le 5 août 2011 lors des intempéries sur la ville où des coulées de boue ont envahi plusieurs quartiers. « Nous en avions jusqu’au genou » se souvient-il. Un autre locataire ajoute : « oui ma voiture était garée devant la résidence, sur le parking, et a été mise en épave suite à ce jour-là ».

Problème de société qui concerne tout le monde. Alors que des autorisations sont accordées pour ce genre d’installations, les constructeurs sont couverts par des assurances qui, à force de factures de ce genre bien considérables, ne devraient pas trop se gêner pour augmenter certaines primes à leurs assurés.

Reportage et propos recueillis par Alain Rassat

Photo 1 : les résidents du bâtiment congédiés de leur appartement par mesure de sécurité

Photo 2 : la canalisation en PVC qui a lâché ce mardi, après celle du haut il y a deux ans. C’est pour quand la prochaine  ?

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