Caroline Tati-Perrot part pour Mayotte

Une élue de Terrasson part à Mayotte* pour saisir une opportunité professionnelle. Caroline Tati-Perrot, 4e adjointe au maire chargée de l’éducation et de l’emploi revient sur les meilleurs moments de sa fonction qu’elle a exercé depuis 2008 et sur cette décision qui n’a pas été simple à prendre.

De famille terrassonaise, du côté de son père, elle venait enfant passer ses vacances chez ses grands-parents à Terrasson, dans la Nicle, en haut de la rue Margontier. « A  cette époque-là, la ville me faisait un petit peu peur, j’avais l’image d’une ville fantôme » confie t-elle. Et en 1996, elle a décidé de quitter Limoges pour revenir à Terrasson. « Dans une petite commune qui nous offrait déjà tous les services » dit-elle avant d’ajouter : « d’ailleurs, ma fille Clarisse était parmi les premiers à bénéficier de la maison de la petite enfance ». Présidente de l’association du  centre culturel, son rôle est redonné à Arlette Verdier, comme celui des écoles. « Mais Terrasson est dans mon coeur et je reviendrais. J’y ai mes parents, mes amis, mes collègues » dit-elle.

Après des études d’architecture, le concours des Beaux-Arts et l’école des arts décoratifs à Limoges, puis une maîtrise de gestion administration culturelle qui lui a permis de travailler dans ce milieu-là pendant dix ans, elle décide de travailler dans l’insertion et le conseil à l’emploi. Elle explique son nouveau choix. « Je pars en poste pour Pôle Emploi sur un département où tout est en train de se créer. Mayotte est passé en département en janvier 2011. Et l’assurance-chômage est mis en place cette année. Il y a tout à mettre en place. Je vais me spécialiser en droit mahorais » dit-elle avec le sourire. Interview…

Partir à Mayotte, cette décision n’a pas du être facile à prendre ?

Caroline Tati-Perrot : « C’est une décision que l’on a mûri pendant trois ans. J’ai associé depuis le début Laurent, mon mari, que je dois avoir à mes côtés. On ne peut pas partir comme ça à l’autre bout du monde si les enfants ne sont pas dans la même envie. Un appel à candidature a été lancé en interne au niveau national et ma demande de décembre a été positive immédiatement. On y va avec beaucoup de modestie en se disant qu’on a le droit de se tromper. Il ne s’agit pas de vivre dans un contexte qui ne nous plait pas. Il y a le rêve et le passage à l’acte. Il ne faut pas avoir peur de ses propres rêves. Il y a une part de risques c’est vrai, mais ici aussi on a un risque. On va utiliser les nouvelles technologies pour rester en contact mais beaucoup de gens vont nous manquer. C’est l’un des aspects les plus difficiles à gérer. Mais d’un autre côté on sait que l’on se verra sur des temps différents et puis on reviendra c’est évident. Oui c’est pas simple, si vous voulez perdre cinq kilos en trois mois vous faites cela ! »

Quels moments forts garderez-vous de  votre rôle d’adjointe chargée de l’éducation ?

Caroline Tati-Perrot : « Je suis absolument ravie d’avoir participer à l’équipe de Pierre Delmon. Le seul regret que j’ai, c’est de ne pas terminer ce mandat. J’avais deux objectifs au départ : apprendre l’action citoyenne et être utile dans ma commune. Auprès de M. Delmon, vous apprenez tous les jours. C’est quelqu’un qui est étonnant d’expérience, de vision, de qualité humaine. Il a toujours été à mon écoute et m’a toujours protégé. Je pense avoir rempli ma mission au niveau de la délégation des écoles. C’est une action difficile et très prenante mais passionnante. Il a une préoccupation permanente d’améliorer le quotidien des Terrassonnais d’ailleurs la ville est totalement transformée. Parmi les moments forts, je garderais en mémoire l’intervention du maire qui a inversé la décision de suppression de postes à l’école primaire. Il faut sans cesse être attentif et réagir immédiatement. J’ai beaucoup appris. Tout doit se passer dans le dialogue et la concertation. J’ai énormément appris aussi des parents d’élèves. J’ai une personnalité qui dit les choses et je n’ai pas, parfois, la diplomatie adéquate. C’est ma jeunesse qui veut ça et ma maladresse, peut-être que j’ai pu vexer certains mais je suis toujours restée honnête. C’est M. Delmon qui m’a dit un jour : on paie toujours le prix de ce que l’on fait. L’honnêteté est indispensable, avec la simplicité. C’est rester modeste car l’on est là au service des administrés, on n’est pas là pour soi. »

Que retiendrez-vous de votre rôle en tant que présidente du centre culturel de Terrasson ?

C. T-P. : « Cela a été passionnant. Aujourd’hui, l’association est complètement dans une autre dynamique, en portant un projet qui s’appelle Imagiscène. En 4 ans, on a complètement modifié la structure, en ouvrant sur tous les publics, tous les âges, avec une ouverture forte sur le jeune public et les familles. On a passé une période où l’on sentait que tout était à refaire. J’ai dû gérer des personnalités qui ne souhaitaient pas travailler avec moi, c’est un secret pour personne. C’est d’autant plus frustrant qu’avec une augmentation très nette du nombre d’entrées et d’adhésions, nous avons des difficultés à réunir aujourd’hui un budget et l’on assiste à une baisse générale des subventions, de la DRAC notamment ».

Que pensez-vous de l’opposition au conseil municipal ?

C. T-P. : « Ils sont de plus en plus bavards ces derniers temps, sans doute en raison de la prochaine échéance. Ils jouent leur rôle d’oppositon mais je pense qu’ils sont parfois à côté du sujet. Ils vont passer vingt minutes sur deux lignes. On les sent quand même travailleurs et cela ne doit pas être simple pour eux d’être l’opposition face à M. Delmon qui connaît ses dossiers par coeur, chiffres à l’appui ».

Côté majorité, voyez-vous un successeur possible au maire ?

C. T-P. : « Je ne vois pas. Après, il faudra donner toute sa chance aux nouvelles générations qui peuvent avoir un point de vue et un parcours politique différent ».

Quelles sont, d’après vous, les questions essentielles dans les cinq prochaines années à Terrasson ?

C. T-P. : « La problématique de l’emploi et l’anticiper, c’est la question préoccupante. On ne peut pas agir totalement car les entrepreneurs sont indépendants. Mais dans les années à venir, il va falloir développer autre chose en terme de terreau des formations professionnellles et d’accompagnement dans l’emploi ou de reclassement pour que l’on garde les Terrassonnais, tout simplement ».

Y-a-t-il un livre que vous allez emporter au bout du monde et quel est le spectacle qui vous a le plus marqué ?

C. T-P. : « Oui. Lettre à un jeune poète de Rilke est un livre qui évoque toutes les fondations de la création artistique. Et côté spectacle, c’est Marie-Claude Pietragalla dans La Tentation d’Eve, c’est de la danse contemporaine. Elle m’a complètement subjuguée, elle est splendide ».

Propos recueillis par Alain Rassat

 

* Mayotte est une île française située près de Madagascar.

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