Un communiqué de la FILPAC CGT Papeterie de Condat pour annoncer la manifestation du samedi 6 juillet 2013 à 10 h 30 devant les portes de l’entreprise du Lardin Saint-Lazare (24) :
« La papeterie de Condat, c’est plus d’un siècle d’histoire industrielle. Elle a vu passer plusieurs générations de travailleurs et autant de transmission de savoirs humains qui ont su décliner un label haut de gamme avec le papier « Condat ». Ces hommes et ces femmes ont enrichi les propriétaires successifs. Cependant, dans l’économie capitaliste, ni la qualité du travail, ni les efforts accomplis par les ouvriers importent au final. Le droit au travail, le droit des familles ouvrières à vivre dignement, ne sont pas dans les priorités des grands patrons. Depuis trois mois et l’annonce du plan social, ces familles s’engagent autour de « leurs » papetiers afin que la Dordogne ne se réduise pas à un musée de la Préhistoire mais reste bien un lieu de vie où puissent s’épanouir leurs enfants et petits-enfants. En effet, ce sont 149 emplois menacés et donc 149 familles vivant sous le couperet de l’injustice, dans l’angoisse du licenciement. Dans ce combat, les populations ont leur mot à dire. En se mobilisant aux côtés des papetiers, elles affichent leur solidarité, oeuvrant ainsi à leur propre devenir. Si le plan social venait à son terme, les intérimaires verraient la fin de leur contrat, des salariés des entreprises sous-traitantes perdraient leur travail. L’exode des familles entraînerait la baisse de fréquentation des écoles et des fermetures de classe et de services publics. Commerçants, artisans, verraient leur activité diminuer voire en danger. Déjà très touché par le chômage, le secteur s’appauvrirait encore plus. Le déclin économique et social se poursuivrait.
Ils sont nombreux ceux qui nous présentent ce sombre destin comme inéluctable, ceux qui se nourrissent de la résignation, ceux qui font appel à notre sens du sacrifice, ceux qui prônent les valeurs de l’individualisme contre celles de l’intérêt collectif, ceux qui cultivent la soumission au monde de l’entreprise tout en avouant publiquement leur impuissance à changer les choses… Ce sont les mêmes qui, jour après jour, répandent le poison de la désespérance et sapent les fondements de notre démocratie. Combattons-les. Soyons encore plus nombreux à nous indigner et à nous révolter de ces suppressions d’emplois qui mettent en péril l’équilibre humain et économique de tout un bassin de vie. Soyons encore plus nombreux à penser que la relance économique ne se construira que si la primauté va à la dignité des hommes et des femmes plutôt qu’aux dogmes des marchés financiers. Soyons encore plus nombreux à dire que les plans sociaux ne remplaceront jamais une politique volontariste de développement industriel.
Déjà, nous étions 600 à Condat, lors de la manifestation du 1er mai pour protester contre le plan social. Trois semaines plus tard, le 25 mai, nous étions plus de 1500 à Terrasson à l’appel de 17 organisations pour défendre le tissu industriel du département et exiger une politique ambitieuse de développement de la papeterie de Condat. De nombreuses initiatives et actions ont déjà eu lieu comme les interpellations d’élus dont le député de la circonscription, 3000 pétitions remises au Préfet, la lettre de 100 femmes, épouses, compagnes, mères de papetiers adressée au président de la république,… Mais aussi les 4 jours de grève qui ont bloqué la production avec de nombreux soutiens qui s’expriment jour après jour : la population, les syndicats de la CGT, la FSU, le Front de Gauche, l’association départementale des élus communistes et républicains, l’action ouvrière catholique et un soutien remarqué de Monseigneur Mouïsse, évêque de Périgueux et de Sarlat… Oui, il y a un avenir pour les papeteries de Condat, oui, nous pouvons toujours stopper le PSE, oui au maintien de la ligne 6.
Cette usine est la nôtre, la vôtre, disons-le ensemble, rien n’est joué : d’un côté une poignée d’actionnaires et la finance, de l’autre, la population, les salariés et les valeurs humaines de solidarité, de fraternité ! Nous vous appelons à un nouveau temps fort de mobilisation qui aura lieu au Lardin, le samedi 6 juillet à 10 h 30 et jusque dans l’après-midi. Au programme, rassemblement, manifestation, prises de parole, pique-nique et barbecue géant, animation musicale… »
La dernière photo de l’équipe devant la ligne 6 qui réalise sa dernière bobine de papier avant l’arrêt définitif de la machine le 1er juillet 2013.