Les salariés CGT des papeteries de Condat au Lardin-Saint-Lazare sont très remontés contre leur direction après la divulgation du plan social (PSE) la semaine dernière. Dans une conférence de presse jeudi matin, ils déclarent que les 23 licenciements secs ne concernent que des ouvriers qui sont montés en première ligne lors des récentes manifestations. Le vrai visage de cette direction se ferait-il connaître alors que les lettres de licenciements partiront le 12 août prochain ? Francis Leroux, représentant syndical, raconte la journée du 25 juillet… »C’était l’abattage. Bureau de gauche, celui des reclassés. Bureau de droite, celui des licenciés, où un ouvrier était convoqué tout les quart d’heure… » Le syndicaliste explique : « selon le code du travail, dans la procédure du PSE, les offres de reclassement doivent être écrites et précises, et les rémunérations doivent être maintenues. Lors de l’entretien oral, le poste proposé n’était pas celui annoncé et les points de poly-compétence ont été supprimés, entraînant une baisse de rémunération… Les points de poly-compétence sont une augmentation de la qualification du salarié par une possibilité d’occuper d’autres emplois et en perdant ces points, on perd du salaire » explique F. Leroux.
Selon les délégués CGT, les critères présentés en comité d’entreprise (ancienneté, charges de famille…) n’ont pas été respectés pour désigner les 23 licenciés. Pour eux, « la direction fait sa cuisine dans son coin, change les critères de licenciement en cours de route ainsi que les propositions de reclassement et bafoue sans vergogne les instances représentatives du personnel » déclare Francis Leroux. Les syndicalistes CGT sont d’autant plus agacés que les réunions de comités d’entreprise sont toutes reportées fin août-début septembre, comme si la direction ignorait visiblement la situation dramatique vécue par ces salariés laissés sur le bord du chemin. Les syndicalistes CGT s’accordent tous à dire « qu’il n’y a toujours pas de projet industriel à Condat, et que 149 postes de travail sont rayés de la carte sans omettre les centaines d’emplois induits dans la sous-traitance, la maintenance, les commerces et les services publics de ce bassin de vie ». Et, le choix de l’entreprise d’avoir désignée le cabinet ALTEDIA pour le reclassement des salariés n’est pas innocent. Selon eux, « ce cabinet fait partie du groupe ADECCO champion de l’intérim, ce qui revient à dire que l’argent consacré au reclassement des salariés revient dans les mains du patronat, la boucle est bouclée ! »
Les délégués CGT soulignent que seulement des ouvriers sont touchés. « Moins il y a d’ouvriers et plus il y a de directeurs » résume Francis Leroux. « On aurait pu garder ces 23 salariés dans l’entreprise en faisant partir plus de personnes en retraite anticipée » dit-il. Pour Christian Rebière, secrétaire de l’Union départementale CGT : « on sait très bien que si l’employeur l’avait voulu, il aurait évité des licenciements secs en proposant des mesures d’accompagnement pour des retraités pour un millésime supérieur. On constate que dans cette liste des 23 la CGT est directement visée. En particulier, les salariés qui se sont mis en avant dans la tenue du conflit en cours… Je sais que beaucoup sourient dans les couloirs de la direction mais ils n’auront pas la peau de la CGT. Ce syndicat date de plusieurs décennies dans le secteur et continuera à vivre… Cette entreprise est en danger. On constate qu’il n’y a aucune recherche de développement industriel local et nous sommes vraiment très inquiets à court terme sur le devenir de l’entreprise. » A propos des 23 salariés touchés de plein fouet par le PSE, M. Rebière ajoute : « on ne les lâchera pas nous. Ils ont fait confiance à l’organisation. Il est absolument indispensable qu’ils soient reclassés dans des emplois dans le secteur et on les accompagnera jusqu’au bout. » Pour Francis Fauque délégué CGT, l’avenir du site est en jeu. « Déjà en 2007, la recherche et le développement ont été déplacés en Espagne (siège social du groupe Lecta). Aujourd’hui la ligne 6 s’arrête, on fait le papier en Espagne et on le traite par la coupe et l’estampillage à Condat. Plus d’investissements depuis quatre-cinq ans sur les différentes lignes non plus. Je dirai plus d’avenir tout simplement. On tire vers le bas… »