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Lascaux 4 : le projet de fac-similé lancé par Aurélie Filippetti

La ministre de la Culture a inauguré, jeudi 24 avril 2014 à Montignac (Dordogne), le chantier de reproduction complète de la fameuse grotte ornée. L’ouverture au public est prévue pour l’été 2016.

« C’est un beau baptême avec les collectivités et le fleuron de la recherche scientifique » affirme Aurélie Filippetti lors de cet acte de naissance de Lascaux 4. « C’est une histoire très forte au coeur de l’histoire de France. Si Lascaux suscite tant de fascination, c’est pour la beauté extraordinaire de ces oeuvres de ces artistes d’il y a vingt mille ans. Ce qui est bouleversant, c’est que ces oeuvres sont aussi un dialogue avec nous, avec les siècles. Elles ont été inscrites pour durer… » Pour le président de Région Alain Rousset, ce sont « de magnifiques fresques, des peintures, à l’état brut, préservées du temps par l’enfermement pendant des siècles et des millénaires ». Pour le président Cazeau du Conseil général Dordogne : « c’est une journée importante pour la connaissance et le rayonnement de notre patrimoine ».

La célèbre grotte préhistorique de Lascaux, fermée au grand public pour des raisons de préservation, va être reproduite quasi-intégralement à l’identique. Ce projet ambitieux de 57 M€ est en cours de réalisation. Il permettra de montrer au plus grand nombre les aurochs, chevaux, taureaux, ours, vaches, cerfs, bouquetins ou félins qui recouvrent les parois de ces cavernes. Ce futur Centre international d’art pariétal Montignac-Lascaux (CIAPML) sera construit au pied de la colline et remplacera dans deux ans le fac-similé Lascaux 2 qui accueille le public actuellement et depuis 1983.

« Nous avons aujourd’hui la responsabilité de poursuivre ce travail de conservation et  de protection, c’est la mission première du ministère de la Culture » dit Aurélie Filippetti qui est venue constater l’état de conservation aux côtés du président du comité scientifique Yves Coppens. Fragilisée par les trop nombreuses visites et la dissémination de colonies d’algues sur ses parois, la vraie grotte de Lascaux est inaccessible depuis qu’André Malraux, alors ministre de la Culture, a décidé sa fermeture au public en 1963. Cependant, pour permettre à chacun d’admirer les trésors de cette « chapelle Sixtine de la préhistoire », la réalisation d’une première copie baptisée Lascaux 2 avait été prévue juste à côté de l’originale. La sanctuarisation totale de la colline de Lascaux oblige donc aujourd’hui de s’éloigner pour ne pas perturber l’éco-système. Puis, depuis 2012, l’exposition itinérante Lascaux 3 se déplace à Chicago, Houston, Montréal…

« Cette impression de toucher nos ancêtres »

Lascaux 4 sera la réplique intégrale des 575 m2 de fresques pariétales de la grotte originale. À terme, il se caractérisera notamment par l’usage d’une « torche » interactive, inspirée de la lampe de fortune qu’avait dû se confectionner l’un des découvreurs de la grotte, Marcel Ravidat, pour explorer les lieux en décembre 1940. Cet objet assistera le visiteur tout au long du parcours, le fac-similé devant être équipé d’un système de radioidentification RFID (radio frequency identification). Il suffira de placer sa « torche » devant une peinture pour obtenir les informations complémentaires. Enfin, chacun pourra télécharger sur Internet, chez lui, grâce à son numéro de billet, la documentation glanée lors de sa visite. De grandes tables d’interprétation permettront également de restituer la grotte périgourdine dans l’ensemble de l’art pariétal mondial, en Afrique, Asie, Amérique, ou Australie (*). « Des salles d’interprétation permettront de mieux faire connaître la préhistoire et donneront des clés de compréhension de cet art pariétal. Les technologies numériques les plus innovantes seront de précieux atouts pour une meilleure approche pédagogique et ludique de cet art en grande partie mystérieux » précise Bernard Cazeau.

Le projet est réalisé par l’agence Snohetta et l’architecte Duncan Lewis. La scénographie par Casson Mann. « J’étais très étonnée. Elle est très accessible. Cela m’a fait plaisir qu’elle s’intéresse à mon travail » confie A. Teixeira, peintre en décors, qui a pu échanger quelques mots avec la ministre lors de sa visite dans les ateliers. « Même si l’on ne va pas voir la vraie grotte, on peut tendre vers cette impression de toucher nos ancêtres… Dans l’émotion, on peut ressentir peut-être ce que eux ressentaient aussi » précise la jeune artiste.

La ministre de la Culture a évoqué la mise à disposition des données numériques captées dans la grotte et qui sont des données publiques. « On sait très bien qu’aujourd’hui, il y aurait de grandes entreprises qui seraient extrêmement intéressées par la numérisation de notre patrimoine et ensuite par l’utilisation de cette privatisation des données récoltées. Nous avons fait le choix de les conserver parce qu’elles font parties du patrimoine national et qu’en fait elles sont une image de la grotte elle-même. L’Etat les met à disposition du conseil général pour travailler sur l’espace de reconstitution de Lascaux 4. C’est donc un projet exemplaire du point de vue scientifique, de la transmission, comme de la modernité de l’utilisation de ces données. »

« C’est un projet bluffant » reconnaît Alain Rousset qui croit d’ailleurs que « l’on pourra sans doute reproduire, d’ici vingt ans, les grottes par des technologies laser et de projections ». « L’enjeu économique est évident. Nous avons essayé de répondre à un triple besoin : protéger, améliorer les connaissances de nos concitoyens et développer notre territoire » précise Germinal Peiro. « En développant nos offres culturelles ici en Périgord, nous maintenons notre économie, nos commerces et notre tourisme » selon le maire de Montignac.

Diaporama de l’événement signé A. Fressange sur Terra Sunt.

(*) Source Sciences & Avenir

Financement. Cet investissement de 57M€ sur 6,5 hectares sera financé par la région Aquitaine et le département Dordogne à hauteur de de 16M€ chacun, par l’Europe (12M€) et l’Etat (4M€). Il faudra encore trouver 6M€ à travers une opération de mécénat national. L’objectif est de recevoir 400.000 visiteurs par an. 168 places de stationnement sont prévues et une billetterie supplémentaire en cas de forte affluence. Le bâtiment semi-enterré sera haut de huit mètres et s’étendra sur 150 mètres. La toiture épousera le mouvement de la colline.

Personnalités. La ministre de la Culture était entourée d’Yves Coppens président du comité scientifique de la grotte de Lascaux, d’Alain Rousset président du conseil régional d’Aquitaine, de Bernard Cazeaux président du Conseil général de Dordogne et sénateur, de Germinal Peiro député, Laurent Mathieu maire de Montignac, Jacques Cabanel, Serge Eymard conseillers généraux… Le professeur Geneste était présent.

Photo (Alain Fressange) : En guise de pose de la première pierre, Aurélie Filippetti ministre de la Culture a effectué les « premiers gestes »

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