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Les Treize Arches : « Une Femme » au Théâtre de Brive

« Une Femme ». Mardi 6 mai 2014 à 20h30 au grand théâtre de Brive avec les Treize Arches…

Philippe Minyana s’est toujours intéressé aux lieux de l’intimité, non comme des espaces clos, mais comme caisses de résonance du monde. Dans cette pièce écrite pour Catherine Hiegel et Marcial Di Fonzo Bo, une femme, Élisabeth, est malade dans une chambre, peut-être tout près de la mort…

Les personnages de Philippe Minyana sont des figures aussi vieilles que le monde lui-même : le père, le mari, le fils, la fille, les fous du village. On a déjà entendu ce genre de choses, se dit-on, en les écoutant.
Car le projet est bien de raconter ce que nous sommes, nous, les êtres humains. C’est un théâtre de l’existence. Une chose archaïque et primitive, qui n’est pas datée, à portée universelle.

UNE FEMME est une épopée intime : la femme avance de chambre en chambre à l’intérieur. Elle est au chevet de ses hommes, revoit ses enfants, son amie. A l’extérieur, un étrange climat de fin
du monde, des boules de feu traversent le fleuve, une fête s’organise de l’autre côté de la rive.

Puis elle finit par arriver dans une étrange forêt où les souvenirs l’assaillent comme des fantômes. Le temps se disloque, présent et passé se confondent. Et soudain elle disparaît. Car la forêt est vivante, elle est active, merveilleuse, et elle finit par happer la femme.
Le funèbre et le grotesque sont deux thèmes intrinsèques dans cette pièce. Et il est question de deuil irrémédiablement. Mais pourtant ce n’est pas triste. Il y a une distance prise avec le réel.
Et comme dans la vie, les personnages sont à la fois horribles et magnifiques.

Texte de Philippe Minyana

Mise en scène de Marcial Di Fonzo Bo

Mis en musique par Etienne Bonhomme
Création 2014

Avec Raoul Fernandez, Catherine Hiegel, Helena Noguerra, Laurent Poitrenaux.

« On ne peut affronter le monde sans une voix amie. »

Combattre les souvenirs et le Temps qui passe
La mémoire d’Élisabeth voyage, vagabonde dans les labyrinthes du passé, et cette chambre où une veilleuse vient la soulager, l’aimer, se démultiplie en une infinité d’autres chambres où sa vie s’est vécue. Le temps se disloque, et Élisabeth finit par arriver dans une forêt où les souvenirs l’assaillent comme des fantômes : son père mourant, une amie, ses enfants, son mari, ses parents plus jeunes…
Les souvenirs peuvent gâcher la vie ; le Temps, infatigable et qui fait son travail, nous vainc.

Allégories du chagrin et de l’humanité
Cette Femme, qui va de chambre en chambre, au chevet des siens, n’est-elle pas l’allégorie du chagrin ? Cette Femme, c’est l’humanité toute entière. Mais quelqu’un veille sur elle, la protège et l’aime. C’est la veilleuse, qui la console, lui offre un livre, qui la fait se lever et affronter la forêt profonde. Épopée intime, conte cruel.
Le Théâtre sera toujours le lieu de la Tragédie, du Drame, du sublime et du grotesque. Par le prisme des personnages, on veut représenter le Monde, sa folie, sa beauté. La littérature théâtrale de doit-elle pas nous enseigner, nous révéler, nous rendre attentifs, nous rendre témoins ?

Une scénographie à l’image de la vie
On retient de ce spectacle la mise en scène de Marcial Di Fonzo Bo qui oscille entre harmoniques funèbres et scènes cocasses, un univers très poétique et musical, une scénographie parlante, avec de grands arbres qui peuplent la pièce et chutent au fur et à mesure, l’effet vidéo projeté sur un voile en avant-scène qui figure la forêt et le mouvement des personnages, les portes et fenêtres qui s’ouvrent et se ferment comme comme des trappes à souvenirs, et le très bon jeu des comédiens : Catherine Hiegel en Femme, Laurent Poitrenaux en vieillard, Helena Noguerra en amie, Raoul Fernandez dans le rôle de la veilleuse.

 


Article Ewanews du 2 septembre 2013 :

« Une saison ambitieuse au théâtre de Brive »

La nouvelle saison des Treize Arches laisse une large place à la diversité et à la création contemporaine. Aux grands classiques du théâtre comme Molière et un Bourgeois Gentilhomme par le metteur en scène Denis Podalydès, s’ajoutent de la danse (avant les rendez-vous de Danse en Mai), des contes, beaucoup de musique, du cirque, des clowns, des spectacles jeunes publics… Près d’une cinquantaine de spectacles et une centaine de représentations. Le tout à des tarifs défiants toute concurrence.

Interview de Jean-Paul Dumas, directeur…

Ewanews. La plus grande diversité est-elle recherchée dans cette programmation ?

Jean-Paul Dumas : « oui, bien sûr. Nous avons de la musique, de la danse. Ce qui est nouveau c’est que l’on en a à l’année. Ces spectacles vont jusqu’à fin avril 2014. C’est évidemment être que sur du qualitatif et dans une grande diversité. Vous trouvez aussi du cirque. Le spectacle Matamore, c’est un gros spectacle qui a eu un succès énorme partout où il passe en France… Du clown, avec le personnage du Boudu que l’on connait par le cinéma et par Michel Simon, c’est un spectacle un peu emblématique du clown. »

Il y aura des grands classiques parce qu’il y a une forte demande ?

J-P. D. : « oui, mais je ne m’occupe pas des demandes. On est là pour faire découvrir des choses au public comme nous on les découvre. Quand les grands classiques sont très bien faits comme c’est le cas de ce gros Bourgeois gentilhomme (photo) qui a été joué déjà au jardin de Versailles et dont la mise en scène est  de Podalydès de la Comédie Française, ce n’est pas n’importe quoi. Vous avez un orchestre de musique baroque… Quand on peut le faire, on est content de le faire. On se trompe beaucoup, j’entends dire mais vous êtes là pour satisfaire le public au nom de la démocratie, etc. J’aimerai avoir un débat avec ceux qui disent cela un jour sur l’idée de démocratie et de la façon dont eux, ils satisfont le public et les gens en général. Bien sûr que l’on n’est pas autistes et que l’on entend ce que disent les gens. Après, sur autant de spectacles, vous avez la possibilité d’être un peu sur des choses, vous savez que ça va marcher, quand vous faites Le Système Ribadier et le Bourgeois gentilhomme, vous êtes à peu près sûr de votre fait, mais on peut aussi faire découvrir des choses tout aussi intéressantes. Il y a un public à Brive qui vient d’à peu près partout comme Terrasson d’ailleurs qui est content de venir découvrir des choses nouvelles avec nous ».

Est-ce que vous recherchez à toucher tous les publics ?

J-P. D. : « Oui tous les publics, mais au fond, personne ne touche tous les publics. En 2012, sur l’ensemble de nos actions nous avons touché 33.000 personnes. Ce n’est pas mal quand même. Et nous sommes sur un taux de remplissage en moyenne de 91%. Donc, c’est une culture élitiste qui amène du monde, alors que je connais des cultures populaires qui n’attirent pas grand monde, en dehors des enfants que l’on réussi à amener en rang par deux. Il me semble que, là-dessus, il devrait y avoir une réflexion qui devrait être conduite dans ce qui est devenue une nécessité absolue, parce qu’il y a un problème d’argent public. On commence toujours par rogner sur l’éducation et la culture, ce qui est paradoxal, pour sortir d’une crise. Moi il me semble que ce n’est qu’à travers une recherche de mutualisation que l’on peut s’en sortir. Bref, ce que je voulais dire, c’est que l’on propose aussi beaucoup de spectacles pour les enfants, et que ça va de la crèche au lycée. »

Quand vous croisez des gens qui ont vu un spectacle que vous avez programmé et qui leur a apporté beaucoup, cela doit vous toucher, non ?

J-P. D. : « oui, cela me touche énormément. Je pense à un couple de gens d’un certain âge qui est systématiquement là à tout, avec une curiosité insatiable, et là, ce n’est pas trahir un secret, nous avons déjà reçu un chèque d’abonnement de leur part de 400 euros ! Il y a une vraie demande. Et pour satisfaire cette demande, on est sur une politique sociale voulue par la ville de Brive, et ce que nous accomplissons avec plaisir. Des gens qui n’ont pas de ronds vont payer 4 euros, voilà. Même le tarif plein de 18 euros est moins cher que partout ailleurs. Voir une Flûte enchantée de Peter Brook l’an dernier pour 18 euros, tout le monde était très surpris que ça coûte si peu cher parce que ce sont des spectacles que vous voyez ailleurs à 40 ou 50 euros minimum ».

Sans compter que 18 euros c’est le tarit plein et que si on prend sept spectacles dans la saison, les tarifs dégringolent, n’est-ce pas ?

J-P. D. : « Vous avez tout à fait raison. Si l’on achète des pass, où l’on peut même rajouter après des spectacles, les tarifs diminuent de façon spectaculaire. Nous sommes très incitatifs sur les prix parce que l’on ne veut pas que venir dans un théâtre soit un obstacle financier ».

Quels sont vos coups de coeur de cette saison ? Y-a-t-il d’autres spectacles à ne pas oublier ?

J-P. D. : « Il y en a cinquante ! Ce qui fait une centaine de représentations… Certains spectacles sont joués plusieurs fois et vous voyez que l’on arrive maintenant à remplir le théâtre pour plusieurs représentations… Il y a mon vieux complice Yannick Jaulin dans « J’ai pas fermé l’oeil de la nuit », un spectacle qu’il a accepté de reprendre. J’avais eu déjà la joie de le diffuser à Terrasson et cela avait été un coup de coeur pour beaucoup de personnes, notamment pour moi. C’est un spectacle qui parle de la mort avec beaucoup d’humour et de dérision. Il y a aussi Phia Ménard dans Vortex et Antigone joué par le Théâtre national de Palestine, sur-titré en langue arabe parce que le thème d’Antigone se prête au problème palestinien, on va dire. Ce sont des spectacles étonnants. »

Votre objectif est de devenir une scène nationale, qu’est-ce que c’est ?

J-P. D. : « Bon ça c’est la cerise sur le gâteau. C’est un label d’Etat qui permet, en ces temps de disette, d’obtenir un peu plus du ministère de la Culture. Ce label je le connais bien, le cahier des charges aussi. On l’applique depuis que l’on existe. Mais ce que je cherche, c’est à rééquilibrer les financements. Ce que l’on arrive à faire car on est actuellement à 30% de crédits extérieurs à la ville de Brive et le mécénat avec un club d’entreprises est devenu important. Avec plus de 80.000 euros, vous existez au niveau du mécénat. Et en plus cela permet en rencontrant des chefs d’entreprises d’affiner des réflexions que l’on peut décliner mais toujours dans un esprit de service public… »

Propos recueillis par Alain Rassat

 


– Tarifs à l’unité : 18€, 12€, 8€ et 4€. Pass abonnements 3, 5 ou 7 spectacles. Tarifs pass 7 spectacles plein tarif : de 6 à 10€ l’unité.

– Le programme et les renseignements sur lestreizearches.com , à la billetterie du théâtre de 13h à 18h du mardi au vendredi. Par téléphone au 05.55.24.62.22.

– A noter qu’un spectacle présenté cette saison aux Treize Arches avait été présenté en avant-première à Beauregard-de-Terrasson en janvier 2011 : « Ce matin la neige » par Elia Compagnie sur un texte de Françoise Du Chaxel. Article Ewanews


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