ARES : quelle doit-être la place de l’argent dans notre société ?

Le 18 Janvier 2008 éclate « l’affaire Kerviel » opposant ce trader à la Société Générale son employeur. Dans le cadre de ses réflexions sur « l’argent et nous », l’ARES a organisé une rencontre-débat autour de ce scandale. Les faits sont une occasion d’examiner le fonctionnement des banques et leur emprise sur l’ensemble de la société. Fidèle à sa vocation, l’association a invité les participants à partager leurs réflexions sur ces thèmes, et aussi s’interroger sur les conséquences éthiques personnelles et sociales. L’animatrice initialement prévue pour cette soirée étant absente pour raisons de santé, les responsables de l’ARES ont animé eux-mêmes cette réflexion. A noter par ailleurs que l’ARES n’est pas une association et ne touche, de ce fait, aucune aide ou subvention. L’entrée des débats reste libre à tous.

« L’affaire Kerviel » s’est soldée par la condamnation de Jérome Kerviel, trader salarié de la Société Générale. Il est accusé d’avoir dissimulé des opérations très risquées (il avait engagé 50 milliards d’Euros) que la banque a du liquider en urgence, avec pour résultat une perte de plus de 6 milliards d’Euros.
Quelles pouvaient être les motivations du trader ? Les faits reprochés soulèvent de nombreuses questions : comment peut-on dissimuler des opérations d’une telle ampleur ? Pourquoi les supérieurs n’ont ils pas été condamnés comme coresponsables ? Pourquoi n’ont-ils pas démissionné ?…

La motivation de Kerviel est une énigme : l’appât du gain sous forme de bonus, supérieurs à son salaire, a été reconnu comme principal motif de la fraude. Mais, en complément, plusieurs hypothèses sont avancées : addiction comparable à l’addiction aux jeux ? volonté de puissance ? désir exacerbé de compétitivité ? avidité d’argent, de luxe ? suivait il les injonctions non dites, mais bien réelles, de la banque ? quelle est la part de narcissisme, de la volonté de paraitre dans son fonctionnement ?

Ces questions amènent la réflexion vers le fonctionnement actuel des banques. L’économie s’est financiarisée ; elle est sans visage : la priorité des banques n’est plus le financement des activités de production ou de commerce mais de dégager des bénéfices en jonglant sur le cours des valeurs boursières ou de leurs dérivés. L’argent ne facilite plus les échanges, il n’est plus au service de l’homme et des relations interhumaines. Il ne prépare pas non plus l’avenir par des investissements dans l’outil économique. L’argent de l’épargne des ménages et des comptes courants doit il être « joué » ainsi dans des spéculations risquées ?

Comment est il possible qu’un seul employé ait pu engager 50 milliards, soit beaucoup plus que les fonds propres de la banque ? Cela éclaire d’une lumière inquiétante les différents krachs, de plus en plus fréquents, (bulle informatique, subprimes, 2011…) où l’argent du travail et de l’épargne se voit brutalement dévalorisé. Ces crises ont toujours existé, mais la vitesse et la diffusion de l’informatique les rendent plus fréquents, accélèrent et exagèrent les conséquences. Cet « argent informatique », virtuel, mais garanti par l’argent des particuliers, tourne en boucle, les résultats de la spéculation alimentant de nouvelles spéculations.

Les intérêts du marché comme règle absolue sont ils une idole absolue ?

Les banques sont donc actrices et symptômes de la société, de ses règles et dérives.

La banque dans la société : cause ou conséquence ? Les banques ont une grande influence sur la société, mais ne vivent ainsi que parce qu’elles se conforment aux valeurs et mœurs ambiantes.

L’espoir de « gagner sa vie » sans travailler est il plus fréquent ? Le travail productif ne doit il pas être revalorisé ?

Quel questionnement éthique cette affaire soulève ?

Nous consommons et transmettons des informations : est-on suffisamment critique et lucide pour ne garder que ce qui est vraisemblable et juste ? transmettre (oralement et surtout par mails) ce qui est vérifié ? Avons-nous suffisamment espoir et espérance pour ne pas céder aux paniques, toujours mauvaises conseillères, et fragilisantes ?

Autant de questions à lire sur le site de l’ARES : cliquez-ici.

Un consensus s’est dégagé sur la nécessité préalable de hiérarchiser les valeurs. Des pistes de réflexion et transformation sont proposées :

L’éducation, en particulier des enfants, est un investissement d’avenir garanti et à haut rendement !

La liberté doit obligatoirement être couplée à la responsabilité : elle permet la dignité de chacun et la liberté d’initiative

Le bien commun (y compris les générations futures) doit être une préoccupation constante.

L’argent ne peut être la mesure de toute chose.

La personne humaine, son respect, sa dignité doit être la priorité absolue.

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