« Je débraye » à Beauregard : « Marx et ça repart ! »

Spectacle plein d’allant et qui n’a pas manqué d’étonner, d’amuser et d’interroger le public de Beauregard-de-Terrasson, samedi 16 mai, dans une salle polyvalente comble. Le Foyer et Itinérance culturelle en Terrassonais ont invité le Théâtre de l’Etoile Grise pour le spectacle « Je débraye », une adaptation de « Débrayage » (1995) de Rémi de Vos, où il est question du travail, d’une chronique en cinq situations de la vie ordinaire au travail, avec ses mises en scène, ses mensonges et ses couacs plus ou moins pathétiques, révoltants ou grotesques.

Après un prologue présentant Mathilde, en train de se laver les pieds dans son vieux cirque rouge abandonné, en se demandant comment tout cela a disparu, « comment les nantis nous ont ôté le travail, ôté la dignité  et l’humanité » et « où sont passées les idées ? », la mise en scène utilise la piste et les ressorts d’un spectacle de cirque pour faire intervenir d’autres comédiens, qui jouent à deux ou trois… Dans le premier volet, c’est le voyage à annuler de Thérèse et son mari Jerôme, cadre. Dans le 2ème volet, c’est la demande de dialogue pour « comprendre » entre le licencié et la DRH, dans le brouillard. Dans le 3ème, au bureau, ce sont les remarques sur la ponctualité. Dans le 4ème, c’est l’examen d’embauche pour un parc d’attractions. Et dans le 5ème, ce sont les réflexions de Paul sur Marx, seul dans son atelier.

Le public vif et réactif  en voulait encore quand tout le monde a été invité à partager le pot offert à l’entrée de la salle. Certains ont trouvé que l’heure était passée trop vite, d’autres, que le titre de la pièce collait mal avec son contenu, car plutôt que de « débrayer », de jeter le travail aux orties (comme le fait l’acteur qui ne veut plus gagner sa croûte en faisant le canard ou le lapin dans un parc d’attractions), elle invitait à « embrayer » en puisant dans l’oeuvre et les idées de Karl Marx, pour analyser et transformer la réalité sociale et l’organisation du travail des hommes d’aujourd’hui. Contre le vieux disque qui « nous fait croire que Marx est mort », l’auteur voulait nous faire entendre qu’au contraire, celui qui reste le grand penseur critique du capitalisme n’est pas mort, sa pensée n’est pas enterrée, elle garde des ressources vives à explorer indépendamment de ce que l’histoire en a fait. Je débraye ou j’embraye? « Un Marx et ça repart !… » S. D.

 


L’article pour annoncer le spectacle :

Un petit cirque abandonné. Un bout de piste, du velours rouge, quelques lampions… En piste ! Le Théâtre de l’Etoile Grise s’est emparé de cinq sketches tirés de «Débrayage» de Rémi de Vos pour créer «Je débraye». Entre rires et émotions, les neuf comédiens nous embarquent dans leur petit cirque et nous racontent, par petites tranches de vie, le monde du travail d’aujourd’hui… Celui qui nous ôte parfois la dignité, l’humanité, la fraternité.
« Je débraye ! » raconte l’histoire de Mathilde, jeune femme dans les années 70. Elle se souvient de son petit cirque au chapiteau rouge. Aujourd’hui, il ne reste qu’un bout de piste, quelques lampions, un lambeau de tissus velours dans un terrain vague au milieu de fûts abandonnés et autres détritus. Mais Mathilde ne baisse pas les bras. Elle appelle à la rescousse des amis comédiens pour qu’ils racontent sur la vieille piste délabrée, en 5 sketches, comment les nantis nous ont ôté le travail, ôté la dignité, ôté l’humanité. Malgré le thème abordé, on rit beaucoup, pas seulement d’un rire de divertissement, mais aussi un rire pour être ensemble, plus joyeux et plus forts.

– samedi 16 mai 2015 à 20h30 à Beauregard-de-Terrasson, salle polyvalente : « Je débraye » par le théâtre de l’Etoile Grise. Tarifs 10 à 8€. Gratuit moins de 18 ans. Avec le Foyer et Itinérance Culturelle

– Mise en scène : Yves Gay. Avec sur scène : Céline Bouillon, Bernard Sirieix, Christine Bilger, Marie-­Laure Nouaille, Eve Apfeldorfer, Marie-­Ange Bories, Julien Defaye, Marion  Monédiaire et Yves Gay,

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