Une centaine d’agriculteurs ont mené des actions d’envergure ce jeudi matin 23 juillet 2015 au rond-point de l’entrée d’autoroute A89 à La Bachellerie et au péage de la barrière de Thenon, sur l’autoroute. Plus d’une trentaine d’agriculteurs étaient installés avec des tracteurs au rond-point pour faire un barrage filtrant et contrôler les camions frigorifiques, à la recherche de viande d’origine étrangère. De très nombreux manifestants étaient également postés sur l’autoroute, au péage de Thenon, et permettaient aux automobilistes de passer gratuitement.
« Le but, c’était péage gratuit sur l’autoroute et de filtrer les camions frigos pour pouvoir les intercepter, savoir ce qu’il y a à l’intérieur, et si c’est des denrées alimentaires qui viennent de l’étranger, le but c’est de les distribuer aux citoyens qui prennent l’autoroute, pour dire que c’est scandaleux de faire venir des produits de l’étranger alors qu’en France, on produit tout ce qu’il faut pour nourrir les Français » dit Magali Gayerie, représentante des Jeunes Agriculteurs. « Nous aujourd’hui, nous avons des mises aux normes draconiennes, on fait attention à l’environnement, on produit des produits sains, et on continue d’importer des produits qui sont déguelassses de l’étranger alors que l’on a tout ce qui faut en France. Du coup, ça tue l’agriculture française car on ne vend pas aux prix de production. On est en train de crever à petits feux alors que les denrées viennent de l’étranger et ça ce n’est plus possible » dit-elle.
Sur son exploitation à Saint-Rabier, l’agricultrice produit des vaches allaitantes. Elle explique concrètement là où elle est touchée directement… « On se rend compte que notre viande ne part pas, que le marché est saturé, que l’on ne vend pas le produit au prix qu’il devrait être vendu et ce n’est plus possible maintenant. Les autres productions, dans les autres métiens, n’ont pas droit de vendre en-dessous du prix du marché, et nous on vend à perte et on laisse faire ! »
Le problème rencontré par cette profession, selon eux, toucherait le pays tout entier à terme. « Les agriculteurs veulent pouvoir vivre de leur métier. On fait travailler des milliers de personnes, car derrière chaque agriculteur, ce sont des entreprises de l’agro-alimentaire, c’est du transport, c’est tout un réseau qu’il faut maintenir, car ce sont des milliers d’emplois. Si demain nous, on est plus là, on va bien se rendre compte que c’est des milliers d’emplois en moins. Sans compter que la France est appréciée pour ses beaux paysages. Si demain il n’y a plus d’agriculture, il n’y aura plus que des ronces et des bois. Nous sommes aussi le symbole de la gastronomie et des bons produits. Nous ce que l’on veut, c’est que nos enfants dans les écoles mangent nos produits. On s’est rendu compte que 60% de la viande servie dans les lycées, collèges, etc. venaient de l’étranger. C’est un scandale et ce n’est plus possible… »
Deux jours après l’opération coup-de-poing menée mardi à Lascaux 2 qui avait empêché près de 2.200 touristes de visiter le fac-similé, les éleveurs de Dordogne sont passés une nouvelle fois à l’action pour dénoncer la faiblesse des prix à la vente et la hausse de leurs coûts de production. Jeudi après-midi, ils sont au Leclerc de Trélissac et jeudi soir à l’entreprise Fromarsac pour d’autres actions. La FDSEA dénonce la perte de 10% de producteurs laitiers chaque année. « Depuis dix ans, on est passé de 1.000 producteurs à 400 ».