Le maire du Lardin St Lazare est contre la fermeture annoncée de sa gendarmerie. « La gendarmerie était forte parce qu’elle était proche de la population » dit Laurent Delage. Sans aucun rapport, la caserne des pompiers est en réfection. Tous les travaux ne pourront se faire qu’avec le soutien des autres petites communes, la commune du Lardin n’étant plus la commune riche qu’elle était, le maire s’en explique dans cette interview réalisée jeudi 27 août 2015…
Ewanews : Comment avez-vous appris la fermeture de la gendarmerie du Lardin ?
Laurent Delage : « La gendarmerie doit fermer. Cela a été annoncé par le colonel au mois de juillet. Je ne suis pas d’accord parce que, d’abord, il y a eu le coup de massue. L’effet surprise que la gendarmerie connaît bien. Lorsqu’ils font des interrogatoires, c’est l’effet surprise qui compte, et là aussi ça a marché, l’effet surprise a joué. Passé cet effet, nous avons regardé les dégâts qu’il pourrait y avoir, et il y en a. On travaille avec les mairies de Sainte-Alvère, Monpazier et Le Buisson (touchées aussi par une fermeture de gendarmerie) pour voir ce que l’on peut faire, parce que c’est une partie du territoire qui est abandonnée. Si les gendarmes quittent la commune, ils seront remplacés par une autre population qui n’est pas forcément très agréable. Personne ne la souhaite : ça sera du trafic, ça sera de la délinquance… Le départ des gendarmes, si départ il y a, se ferait en fin d’année ».
En quoi ce départ serait un coup dur pour Le Lardin ?
L.D. : « Comme je viens de le préciser, il y a le problème de sécurité pour les habitants. Nous avons du passage sur la RD 6089 (ancienne nationale). D’ailleurs, Dominique Bousquet, président de la communauté de communes, a demandé lors de la dernière réunion à ce que les communes du Lardin, de Terrasson et de Thenon réfléchissent à l’implantation de caméras pour surveiller cet axe, qui est l’axe de fuite de la délinquance. Le Lardin est stratégique à ce niveau pour plusieurs raisons : c’est la ligne de fuite sur les sorties d’autoroute de La Rivière de Mansac et de La Bachellerie. Et c’est la fuite de la route de Sarlat sur Limoges-Paris (par exemple suite à un cambriolage sur Montignac). Voilà pourquoi c’est ici un carrefour intéressant. Et après, il y a le côté sécurité de la papeterie. Le site est concerné par le plan Vigipirate à cause des produits chimiques qu’elle stocke. Il y a quelques années, elle était Seveso. Elle ne l’est plus, mais elle fait partie des entreprises potentiellement à risque. On est actuellement en plan Vigipirate rouge et c’est une entreprise qui doit être surveillée. De plus, malgré la baisse d’effectif, c’est toujours la première entreprise privée du département de la Dordogne. Donc, elle mérite tout de même une petite attention quand on sait l’importance qu’elle a sur le secteur. »
Les gendarmes seraient affectés à Terrasson, ce qui n’est pas très loin, mais ça rallonge le délai d’intervention ?
L.D. : « Evidemment, ça rallonge. Mais ce qui est curieux, c’est que le capitaine de Terrasson m’a téléphoné pour savoir quand les gendarmes quitteraient les locaux communaux. Je préférerais qu’ils ne partent qu’en début d’année prochaine, s’ils devaient partir. Ils veulent bien qu’ils intègrent Terrasson mais ne savent pas où les reloger, ça passerait vraisemblablement par des Algecos, en attente de toute décision… Ce n’est pas juste une cabane de chantier, c’est un petit cube que l’on pose avec une grue ».
Autre problème qui touche Le Lardin, la caserne des pompiers est en travaux mais le budget n’est pas bouclé ?
L.D. : « C’est un 2e sujet qui est complètement différent du premier et qui n’a donc aucune relation avec la gendarmerie. En début d’année, on a signé des conventions avec le SDIS de Dordogne, et le SDIS est devenu propriétaire de ces locaux qui étaient communaux. Ils doivent assurer l’entretien courant de la caserne. Il se trouve qu’en 2014, ils devaient refaire cette caserne, mais par manque de financement, cela a été reporté en 2015. Il y avait deux parties : la réfection de la toiture avec le désamientage, et la 2e partie c’était l’extension des sanitaires et des vestiaires. Il y en a pour 150.000 euros pour chacune des parties. Mais il faut savoir que dans les conventions signées, les chantiers jusqu’à 150.000 euros sont à la charge entièrement du SDIS 24. Ce qui est au-delà de 150.000 € est pris à 50% par le SDIS et à 50% par les communes desservies par cette caserne. Donc, il y aurait 50% des vestiaires et sanitaires à partager, soit 75.000 euros, entre les communes, au prorata du nombre d’habitants. Si, par exemple, il y a cinq fois plus d’habitants au Lardin que dans une autre commune, on paiera cinq fois plus. C’est un calcul qui est juste. J’ai vu Serge Mérillou (président du conseil d’administration du SDIS 24) et l’on a de bons rapports. Je lui ai parlé de mon inquiétude qui est d’entendre que Le Lardin est une commune riche et qu’elle financera. Il est d’accord avec moi pour dire que, si les communes ne veulent pas participer au financement des travaux, les travaux ne se feront pas. Tout simplement, ce n’est pas Le Lardin qui chargera. On doit se réunir pour savoir la décision prise par chaque commune. J’espère que tout le monde va comprendre l’intérêt à avoir une caserne proche de chez eux. »
En quoi la commune du Lardin n’est plus une commune riche ?
L.D. : « Tout le monde sait que les papeteries de Condat, c’est le gros employeur de la région. En 2013, il y a eu des difficultés dans cette entreprise, avec un plan de licenciement. Donc, financièrement, la taxe professionnelle a diminué d’autant. Cette année, on a 300.000 euros de moins, dotations de l’Etat en moins comprises. De gros chantiers nous attendent par ailleurs, la salle des fêtes notamment mais pour le moment ce n’est pas d’actualité. Cela va être très lourd. Cela pourrait dépasser le million d’euros. En ce moment, le gros chantier qui a débuté avec un mois et demi de retard, c’est le gymnase. L’investissement pour désamienter là-aussi et remettre en état et isoler, c’est près de 300.000 euros. Donc, on ne peut pas se lancer sur tous les fronts. Il faut savoir que cette année, on a équipé deux classes de VPI (vidéo-projecteur interactif), ce qui est nécessaire maintenant. D’autres communes comme La Chapelle Aubareil en sont équipées depuis 2010. On va donc rattraper ce retard. Cette année, il y a les deux CM qui sont équipées, l’an prochain il y aura les deux CE, et il y aura une rotation. »
Une manifestation est prévue pour dire non à la disparition de la gendarmerie, vous y serez bien sûr présent ?
L.D. : « Alors, j’étais déjà présent à la manifestation de Sainte-Alvère. Je pense que mes collègues de Ste Alvère, du Buisson, viendront aussi manifester au Lardin le samedi 12 septembre à 11 heures, devant la gendarmerie ».