Les élus ne veulent pas perdre leur gendarmerie

Des élus ont manifesté samedi matin, 12 septembre, à Le Lardin-Saint-Lazare (24) pour dire non à la fermeture annoncée de la gendarmerie. Un avant-goût de la manifestation qui aura lieu à Périgueux le vendredi 18 septembre contre la baisse des dotations de l’Etat. Laurent Delage, maire du Lardin, dénonce « une sécurité à deux vitesses, la sécurité des villes et la sécurité des champs » et souligne « l’importance du carrefour du Lardin entre Sarlat et Limoges comme celui de Bordeaux-Lyon systématiquement emprunté par la délinquance pour fuir rapidement ». Le maire ajoute que, pas plus tard que la semaine dernière, « une course poursuite a eu lieu au Lardin avec une voiture volée à Limoges, le conducteur ne s’étant pas arrêté à un un contrôle ». De plus, « la commune possède le plus gros site industriel privé du département, classé en risques élevés d’attentats industriels. D’énormes quantités de produits chimiques y sont stockées ». Le maire souligne l’efficacité de la brigade locale car « elle est mêlée aux habitants et bénéficie d’un climat de confiance qui s’est établi ». Laurent Delage dénonce « le transfert des gendarmes du Lardin à Terrasson ou Montignac, où ils seront logés dans une solution de type Algéco. Je ne suis pas sûr que ce soit des conditions de travail idéales pour la gendarmerie. Et en louant, les loyers ne seront pas meilleur marché. Donc, les économies ne se feront pas à ce niveau. » Le maire du Lardin confie « qu’il a peur qu’après, on s’attaque aux pompiers. Des problèmes de financement existent actuellement sur les casernes ».

Le maire du Buisson-de-Cadouin, Jean-Marc Grouin, était présent dans le but de « conserver l’ensemble de nos services publics dans nos campagnes ». La commune du Buisson (comme celles de Ste Alvère, Monpazier et Le Lardin) doit perdre sa gendarmerie. « Au Buisson, nous avons perdu en 2015 un des huit postes d’enseignants entraînant la fermeture d’une classe. Nous avons fermé la perception, et aujourd’hui c’est la gendarmerie. Pour une ville de 2.200 habitants, c’est beaucoup, surtout la même année ». Selon lui, « le mouvement est apolitique. On a des gens de élus de gauche, du centre et de droite qui se mobilisent. Ces services publics sont essentiels pour la survie de nos villages » dit-il, avant d’ajouter : « on est en train de nous dresser les uns contre les autres. Il ne faut surtout pas tomber dans ce piège ». Un adjoint de Sainte-Alvère a aussi prononcé quelques mots… « Comment va-t-on attirer dans nos villages de jeunes populations, des familles, si l’on n’a pas des services de sécurité et des services scolaires. Les campagnes seront désertifiées ».

La conseillère départementale Francine Bourra a retracé l’historique de la gendarmerie du Lardin… « Elle fut d’abord implantée à La Bachellerie. En 1944, elle fut détruite par les Allemands, et elle est déplacée au Lardin dans les locaux de l’ancienne mairie. En 1957, elle revient à La Bachellerie, et c’est seulement le 28 octobre 1980 qu’un décret ministériel rendra favorable l’implantation d’une gendarmerie au Lardin. Elle sera inaugurée le 29 mai 1982 avec le maire de l’époque Jean-Paul Gardet ». Pour elle « ce départ renforce un sentiment d’abandon de la population locale et d’insécurité du territoire ».

Dominique Bousquet, président de l’intercommunalité, précise de son côté : « les cambriolages n’ont jamais été aussi importants dans les commerces. On nous découpe au chalumeau la tôle pour sortir des tronçonneuses à Pôle vert, et on nous fait tous les commerces de la zone d’activité. Certes, ce n’est pas de la délinquance locale. Ce sont des vrais professionnels aujourd’hui, qui viennent souvent d’ailleurs des pays de l’Est. Plein d’éléments font que notre coin est sensible. Les gendarmes nous ont demandé d’installer des caméras de vidéosurveillance à Thenon, au Lardin et à Terrasson. Mais pour arrêter les délinquants, il faut bien des brigades le long du trajet. Il y a donc une incohérence… Sans faire peur à tout le monde, il y a aussi, sur nos territoires, des éléments à surveiller. Nous sommes placés dans un département touristique et du fait de sa démographie, de sa population et de sa sociologie, dans un territoire à risques. Nous devons donc avoir un maillage, une écoute. Tout le monde sait que les communautés qui sont chez nous et qui sont totalement intégrées, peuvent être influencées par un certain nombre de prédicateurs, des gens qui viennent sur ce territoire et qui pourraient demain amener des situations  qui seraient catastrophiques. Je ne l’invente pas, c’est dans les rapports de la gendarmerie. Toutes ces raisons font qu’il est incohérent de supprimer cette brigade ». Dominique Bousquet ajoute « et surtout, qu’on ne nous assène pas sans arrêt que cela fera des économies. Il y a certaines organisations qui étaient placées sous le signe de l’économie et qui se sont traduites par des dépenses supplémentaires. J’en sais quelque chose à Thenon, où l’on a voulu réorganiser la Poste avec Rouffignac et l’on a changé totalement de fonctionnement. Les facteurs venaient à Thenon pour prendre le courrier et le redistribuer. Eh bien aujourd’hui, on commence à revenir comme c’était auparavant car on s’est aperçu que ces mesures ont en fait un surcoût. » L’élu affirme qu’au niveau fonctionnement « on ne peut pas accepter qu’on nous dicte des solutions qui ne sont pas réfléchies, et qui n’apportent pas un meilleur fonctionnement ».

– Photo : les élus se sont retrouvé à la salle des fêtes, la pluie étant trop intense devant la gendarmerie. A noter qu’une grande partie des élus n’est pas présente sur la photo en raison d’une cérémonie d’anciens combattants qui avait lieu à Coly au même moment.

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