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Xavier Pommereau : adolescence et conduites à risques

Article Ewanews octobre 2015.

Xavier Pommereau : adolescence et conduites à risques

Un ciné-débat sur le thème de l’adolescence a eu lieu lundi 19 octobre 2015 à Montignac, au Cinéma Vox, avec l’association Ciné-Toile. Avant la projection du film : « A 14 ans » d’Hélène Zimmer, l’intervenant Xavier Pommereau, psychiatre des hôpitaux, auteur de nombreux livres sur le sujet, et chef de service au Pôle Acquitain de l’Adolescent du CHU de Bordeaux, a été très complet sur les conduites à risques et les relations des ados avec leurs parents. Le médecin est spécialisé dans deux domaines : la prise en charge des adolescents suicidaires, et celle des adolescents anorexiques. Voici des extraits de l’intervention de M. Pommereau lors de cette soirée…

« Adolescence, c’est le participe présent du verbe latin adolescere qui veut dire croître, grandir, pousser. Donc la vraie définition d’adolescence, ce serait en train de grandir, de pousser, c’est-à-dire être en pleine période de croissance » souligne l’intervenant. D’après lui, l’adolescence est chez les filles comprise entre 12 et 17 ans, et chez les garçons entre 13 et 18 ans. Mais la période de l’adolescence est devenue une planète de consommation qui s’adresse aux 10-25 ans. Il y a des enfants qui ont 8, 9, 10 ans qui se sentent déjà adolescents et qui ont envie de rejoindre cette planète, et puis à 19, 20, voire même jusqu’à 25 ans, certains se sentent encore adolescents ».

« Il y a deux choses très caractéristiques de notre époque : à la différence de boire et manger, nécessaires à la vie, consommer c’est avaler, ingurgiter, absorber de la nourriture et des boissons, mais aussi des données, des infos, des images, sans forcément en avoir besoin, ni envie, et surtout sans limites. Ce rapport à la consommation est une caractéristique très importante si l’on veut comprendre les difficultés que peuvent rencontrer certains ados. Si 85% des ados vont plutôt bien, 15%, c’est-à-dire quand même un adolescent sur 7, ne vont pas bien, et vont manifester des excès qui se réfèrent souvent à la société de consommation : prise de substances ou d’aliments en excès, la crise de boulimie par exemple… Il faut savoir que dans cette société, prendre et jeter deviennent des mouvements que nous faisons tous, et trop, et que nous faisons sans toujours digérer ce qu’on avale. On doit entendre ces termes au sens propre comme au sens figuré. C’est vrai pour les nourritures, c’est vrai pour les pensées. Par exemple, si l’on absorbe des cours de maths sans les digérer et sans savoir à quoi ça va servir, eh bien on n’en tire pas profit. On subit donc quelque chose, ce qui fait que l’on peut rejeter ce qu’on a avalé. Prendre et jeter est une caractéristique de notre modernité ».

« Deux domaines posent problème : d’un côté celui de la nourriture et d’un autre côté celui des études. Pour le premier, il y a des lieux de dînettes géantes que sont les burgers, où des adolescents servent d’autres adolescents. Ce qui est problématique, c’est que le soir, le manager demande aux ados employés de jeter les pains et la viande qui n’ont pas été consommés parce qu’il faut respecter les règles d’hygiène. On met du pain et de la viande dans une poubelle avec par dessus une sorte de gelée bleue pour rendre ces produits impropres à la consommation. C’est un acte antisocial majeur. Et au niveau des études, à force de rajouter des choses dans les programmes scolaires, on arrive à donner aux adolescents trop de choses à avaler, qu’ils ont tendance à rejeter sans pouvoir les assimiler ».

« La 2ème caractéristique, c’est que ce sont des enfants révolutionnaires, qui sont en train de vivre la révolution numérique. Ils sont nés avec. Ils sont dedans complètement. L’évolution des nouvelles technologies va nous conduire encore vers de nouvelles évolutions. Par exemple à mon époque, pour dire qui on était, on disait que l’on était le fils ou la fille du boulanger, de la charcutière. Aujourd’hui, les gens se définissent à travers ce qu’ils montrent d’eux, sur eux, et aussi à travers les groupes d’appartenance auxquels ils adhérent, comme les tendances modes… L’apparence définit la personne. Les nouvelles technologies viennent à l’appui de cela. Le fameux selfie est un exemple parmi d’autres, ou encore les profils de réseaux sociaux ».

« Le symptôme principal chez les adolescents n’est pas la fièvre qui frappe les enfants, mais les vomissements. Et ce n’est pas sans signification. Outre qu’ils ont souvent été élevés avec une nourriture trop pauvre en bactéries et sont ultra sensibles au moindre Echerichia Coli qui vient se poser sur un hamburger par exemple, (l’intervenant conseille aux parents de leur donner plus de fromages à pâte crue ou fermentée pour qu’ils soient plus résistants), ils ont tendance à restituer en vomissant le trop plein d’une consommation stressée et souvent inconsidérée. Prendre et jeter… La société de consommation, engendre un autre comportement qui s’appelle le zapping, et là encore on le retrouve au sens propre comme au sens figuré. Zapping pour passer du mode prise de tête qui caractérise le début de la semaine du lundi au jeudi, (avec l’école, les contrôles, les embrouilles avec les parents, les embrouilles des parents, etc…), au mode lâcher prise. Le week-end, les jeunes gens ont envie de se lâcher. Et se lâcher le plus vite possible, c’est ce que l’on appelle le Binge drinking : boire beaucoup d’alcool en un minimum de temps. Il y a toujours eu une relation entre l’alcool et les jeunes mais ce qui caractérise notre époque, notre modernité, c’est une très grande quantité d’alcool en un minimum de temps… Quand j’étais interne en psychiatrie, je n’ai jamais reçu aux urgences un adolescent ivre mort. Cela n’est jamais arrivé. Aujourd’hui, il y en a dix par week-end aux urgences de Bordeaux, en coma éthylique ! 3 à 4 grammes d’alcool dans le sang. Imaginez Alexandra et Virginie, deux copines, qui s’enfilent une bouteille et demie de vodka plus dix bières ! »

« A 16 ans, pour son anniversaire, Virginie avait dit à sa mère : il faut que tu me laisses l’appartementAttention, il faut absolument un adulte dans les parages ! Elle avait invité 15 amis, chacun était chargé d’amener une bouteille… Aujourd’hui c’est de la bière pour commencer, et après des alcools forts : la vodka, le rhum pour le mojito, le gin ou le whisky. La vodka est la consommation numéro un car c’est exotique, c’est incolore donc ça peut se mettre dans de petites bouteilles d’eau et passer les contrôles facilement. Mais surtout ça rend ivre en un quart d’heure ! C’est le but : passer le plus rapidement possible d’un état à un autre. Il faut savoir que, sur une fête où il y a quinze personnes, il y a trois vomisseurs. C’est le standard… Alors aller vomir sur la place publique, devant une porte ou sur le lit des parents, je pense que ça dit quelque chose… C’est une restitution même si les jeunes n’en ont pas conscience, une manière de nous restituer à la figure cette société de consommation qu’on leur donne, le trop-plein, où on ne fait que les traiter en consommateurs, et pas assez en acteurs. Si l’on continue à vouloir faire avaler les choses aux jeunes, ils nous les recrachent. Il faut leur faire faire des choses, mettre la main à la pâte, pour réaliser des choses, participer à des choses, se sentir exister. Les vomissements suite à une prise d’alcool sont devenus une chose hyper fréquente et c’est un excès qui indique quelque chose ».

Les ados peuvent aussi se rendre malades avec les drogues, un mélange de drogues en général. La première c’est l’herbe parce qu’ils se méfient aujourd’hui un peu du cannabis sous la forme du haschich. Dans les blocs de haschich, ils savent qu’il peut y avoir de tout dedans : de la pellicule photo, du pneu… Beaucoup d’ados fument de l’herbe mais pas forcément d’une manière récréative, avant de s’endormir le soir pour être moins stressé. Et parfois leurs parents aussi d’ailleurs… Au-delà de l’herbe, il y a d’autres drogues et en particulier l’ecstasy. Et là j’en profite parce qu’il y a des adolescentes parmi nous. Vous n’avez pas encore l’âge d’aller dans des discothèques. Mais quand vous aurez l’âge, rappelez-vous qu’il ne faut jamais laisser son verre sur la table, ou sur le bar, sans surveillance, parce qu’il y a des gens mal-intentionnés qui vont vous mettre une pastille dedans, cela s’appelle la drogue du violeur. On a beaucoup de patientes à qui c’est arrivé. Elles ne se rappellent plus ce qui s’est passé entre 2 h et 8 h du matin. Un peu gênant. »

Surveiller de loin leur fête.

« A une heure du matin, du fait qu’il y a de la lumière, et que c’est ouvert, arrivent trois jeunes. Ces jeunes viennent en bande dans la fête quand elle est bien lancée, que tout le monde est un peu ivre. Ils vont dans la pièce où les jeunes ont laissé leurs affaires, le vestiaire en quelque sorte, et là ils vident les poches et saisissent tous les portables. Il n’y a pas encore dans les campagnes ce genre de pirates de fête, mais il y en a beaucoup dans les grandes villes. On en trouve par exemple à Bordeaux, sur les quais ou à la sortie des discothèques, où ils pistent les jeunes gens ivres… »

« Il ne faut pas laisser les adolescents sans aucune surveillance, dit l’intervenant en réponse à une question de la salle. Il faut que, dans des endroits où il y a des fêtes, il y ait des adultes qui ne soient pas loin de là et qui soient capables de contenir un peu les débordements. Les ados savent que ça va déborder. Ils espèrent, même s’ils ne nous le disent pas, que les adultes les encadrent. Les discothèques qui ont bonne réputation dans les villes sont celles où les barmen et les videurs ont un regard attentif sur l’état des jeunes. Il y en a qui arrêtent de servir, il y en a qui disent donne-moi tes clefs, tu ne rentres pas avec ta voiture. Les accidents de la route c’est pareil, la mortalité diminue à tous les âges sauf chez les ados. Il est aussi important de savoir faire la différence entre l’écart de conduite et le grand écart ou la rupture. Que les ados aillent dans une fête où il va y avoir de l’alcool, qu’ils en consomment un peu, certes, mais il faut, quand on est parent d’un enfant mineur savoir où il va, s’il y a des adultes, si les parents sont au courant qu’il y a une fête chez eux. A quelle heure ça se termine ? Etc. Et l’on doit savoir comment ils vont rentrer. Ils se tuent en rentrant ivres dans des voitures, à mobylette, ou en scooter. Il faut leur expliquer que l’on n’est pas contre le fait qu’ils fassent la fête mais que l’on est contre le fait qu’ils se mettent en danger ».

« Et puis il y a les troubles de conduite alimentaire, les crises de boulimie, plutôt chez les jeunes filles. Le standard chez les filles, c’est d’être lisse de partout et chez les garçons c’est avoir l’air le plus avachi possible ! Il faut vraiment arrêter de les traiter en consommateur, de leur donner des activités sans effective participation personnelle. Il faut arrêter aussi de souligner toujours les insuffisances des ados quand on leur fait faire quelque chose. Ne pas dire c’est pas bien, c’est pas ça… ça suscite de la résistance ».

Son conseil : la nuit, les portables dorment aussi.
« A une jeune ado du 2e rang dans la salle, qui venait d’avouer qu’elle dormait avec son portable allumé, il souligne : si tu ne dors pas assez, tu vas être stressée, et si tu es stressée, tu vas présenter des troubles du stress, des maladies de peau, des allergies, des asthmes, tu va être fatiguée, tu vas avoir une attention moins soutenue et du coup, tu vas avoir des problèmes scolaires. La restriction du sommeil a des effets très visibles sur l’état nerveux des jeunes ».

« Les activités sportives, ils n’en font pas assez. A 13 ans, il faut faire au moins quatre heures de sport par semaine ! »

« Devenir acteur, ça veut dire leur donner des responsabilités, les laisser prendre aussi des initiatives, il faut qu’il y ait de la motivation, de l’intérêt, que les jeunes aient envie d’agir. Il faut les entraîner dans des activités qui les intéressent, et là, il ne faut pas que ce soient des activités avec les parents. Il est normal et sain que, pendant le temps de l’adolescence, qu’il y ait des frictions importantes entre les ados et les parents. Mon conseil aux parents d’ados : échangez vos enfants. Chez un oncle, une tante… qui habite loin de préférence. Pendant une semaine, et le cousin vient passer une semaine chez les parents… Cet échange modifierait les choses. L’ado va montrer qu’il s’intéresse, va vouloir s’impliquer et va monter qu’il n’est pas ennemi des adultes. »  L’intervenant souligne avec humour : « les problèmes entre ados et parents doivent être régulés par les oncles et tantes. Pourquoi ? Parce que les mamies partent en Thaïlande ! »

Une question dans la salle : comment on gère une situation de conflit entre ados et parents ? « Une notion importante, c’est la notion de limite. La limite c’est une bande de territoire qui a une épaisseur qui distingue deux terrains contigus. Les voisins vont se rencontrer, échanger, discuter, définir ainsi une frontière réciproque et un espace de médiation commun. On en a marre que vous soyez sur nous, disent souvent les ados. Si maintenant on met un mur dans la limite, on ne peut plus communiquer. C’est évident que ça ne peut pas être une solution. On  ne fait pas parler des gens de part et d’autre d’un mur, ce n’est pas possible. Il faut déterminer le territoire propre et le territoire en commun. Par exemple, l’habitat moderne fait que la majorité des ados ont leur chambre. C’est une concession que les parents leur ont donnée qui fait que leur chambre est un lieu d’intimité. Le désordre est une caractéristique de l’adolescent parce que les ados projettent dans leur chambre le désordre qu’ils ont dans leur tête. Ce qu’on ne doit pas faire en tant que parent, c’est aller faire le ménage dans leurs affaires. Comme il ne faut pas aller fouiller leurs affaires. D’ailleurs c’est valable aussi pour le portable et la page Facebook car ce serait violer leur intimité. Par contre les ados laissent souvent la porte de leur chambre ouverte sur leur bazar, et là, en tant que parent, il faut aller jusqu’au niveau du seuil, donc à la frontière, et dire je vois que c’est le bazar chez toi, j’aimerais que tu mettes de l’ordre dans tes affaires. Une fois, deux fois, dix fois, vingt fois, cent fois. Car le propre de l’ado c’est qu’il ne peut pas obéir comme ça, au claquement de doigts, car se soumettre c’est se démettre. Donc il résiste. Le parent continue pour ne pas lâcher l’affaire. Il ne faut donc ni lâcher l’affaire ni se montrer violent : aller dans la chambre et dire je mets tout ça dans des sacs poubelles, cela, ça ne va pas du tout. Mais c’est vrai que plusieurs ados ne savent pas quelles sont les limites ».

« Certains ados revendiquent la liberté dès lors qu’ils sont majeurs mais avec l’obligation des parents de les nourrir…. Il faut être capable d »accepter qu’ils soient en conflit avec vous. L’un des soucis de notre modernité, c’est que, quand on est parent séparé, on a envie de surinvestir son enfant comme une roue de secours affective. On a très peur de ne plus se faire aimer. Du coup, on pardonne tout ou on lui laisse tout faire. Et là, ça donne l’enfant-roi. Qui n’a qu’une idée en tête : c’est d’aller chercher le conflit ».

L’espace sans tabac. « Je trouve que c’est plus sain de dire que la maison est un espace sans tabac. Mais, ça doit être valable pour tout le monde, même pour les amis des parents. Sinon c’est contradictoire, on dit toi t’as pas le droit mais les grands ils ont le droit et au nom de quoi ils ont le droit? Pour rester cohérent par rapport aux règles, essayer de définir ce qui fait partie du territoire et ce qui n’est pas à sa place. La planche de skate dans l’entrée ou dans le garage, etc. ? Il conseille par ailleurs de mettre une panière hors de sa chambre pour que le jeune puisse mettre son linge, ce qui contribue aussi à un respect de son intimité, et ainsi de l’habituer à mettre son linge sale dans la panière. Il participe alors à quelque chose et ne subit pas seulement le ménage de sa mère. Convenir par exemple : tu sors tes draps et tu les mets dans la panière tous les quinze jours, etc. »

L’importance de la communication. « Il faut toujours essayer de parler avec son enfant. Sinon, il ne faudra pas hésiter à communiquer via d’autres personnes. Les voisins peuvent être utiles de diverses manières… Par exemple, si on apprend qu’un voisin est tombé de scooter parce que sûrement il était ivre ou avait trop fumé de cannabis, parler de cela avec son propre enfant permet de mesurer, d’évaluer, son degré de compréhension du risque ».

« Il faut garder en tête que personne ne peut remplacer les parents. On ne devient jamais ex-parent. On devient « ex » de son conjoint ou de sa conjointe mais pas ex-parent ».

A propos des familles séparées, il souligne : « le fait que, parfois, la mère tienne les cordons de la bourse, fasse attention et essaie de ne pas trop dépenser, alors que le père, qui ne prend ses enfants que de temps en temps lâche 300 euros dans l’après-midi, pose problème. Ce n’est pas cool, c’est jouer contre la mère. C’est dire elle, elle est acariâtre, avare, et moi je suis gentil. On n’est pas gentil, on est adulte. Ce qui compte c’est que l’on soit responsable et mature. C’est cela qu’attendent nos ados ».

L’expérience du travail, souhaitable dès 16 ans. A propos d’une mère qui confie que son enfant ne travaille pas pour gagner quelques sous pendant les vacances, il répond : c’est qu’il est convaincu que vous allez quand même lui donner les sous. En fait, il faut qu’il travaille. Je suis pour pour qu’ils commencent à travailler dès 16 ans. Il faudrait qu’on leur donne le droit. C’est très important que l’adolescent prenne conscience que le coût de quelque chose représente du travail ».

Sujet complexe et en réalité inépuisable qui reste lié à des vécus souvent difficiles, comme le film projeté ce soir-là l’a crûment montré… Il est d’autant plus précieux de pouvoir rencontrer un spécialiste comme Xavier Pommereau qui a permis de mieux comprendre ce qui se passe dans la tête des adolescents, d’aider les parents à sortir de l’isolement, à surmonter les crises en parvenant à renouer le dialogue. Ses publications, notamment « Nos ados.com », aux éditions Odile Jacob, « Mon Ado m’inquiète », ou « Ados en vrille, mère  en vrac », éditions Albin Michel, permettent d’aller plus loin. Merci à lui et à l’association Ciné-Toile qui l’a invité à Montignac. Propos recueillis par Alain Rassat et Sylvie Dautry

– Photos J-Luc Kokel : Xavier Pommereau (photo 1), la salle du Ciné Vox (photo 2)

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