Avec plus d’une vingtaine d’acteurs lycéens et dans une excellente mise en scène de Fabien Bassot, alias « Fabio », la pièce de Wole Soyinka « King Baabu » (2001) ou « Baabou Roi », a été magistralement servie ces derniers soirs, 26, 27 et 28 mai au théâtre de l’Imagiscène. Le propos de cet auteur nigérian, prix Nobel de littérature en 1986, est une farce politique burlesque et tragi-comique, qui avoue clairement ses références à l’Ubu Roi d’Alfred Jarry. Mais au-delà de son intention de parler sans doute des abus politiques du continent africain, ce texte nous parle de notre monde, de sa confusion et de ses conflits aux racines desquels il y a toujours le même jeu, poussé ici jusqu’à l’absurde, des ambitions, des corruptions et des mensonges, sous les discours ronflants des idéologies… L’interprétation des lycéens, qui a révélé de vraies natures d’acteurs, et a offert de savoureux clins d’oeil d’humour à notre actualité, a clôturé sa dynamique par une scène particulièrement forte en son et lumière stroboscopique mimant la folie destructrice du roi.
A la fin du spectacle, entouré des élèves acteurs et des professeurs qui animent l’atelier théâtre, Fabien Bassot a tenu à rappeler la fragile situation matérielle de cette structure, vu le peu de dotation de l’éducation nationale. Il a remercié vivement ceux qui ont répondu l’an passé à l’action de financement participatif qui leur a permis de fonctionner, solution qui ne sera pas reconduite car c’est à l’Etat de soutenir la culture dans les établissements scolaires. Espérons que l’extraordinaire travail de ce comédien et metteur en scène de la compagnie périgourdine Lazzi Zanni, depuis 20 ans dévoué à faire vivre le théâtre en milieu scolaire, pourra se poursuivre encore longtemps au Lycée de Terrasson. Comme l’a dit Fabien Bassot : « c’est une chance de pouvoir découvrir la pratique du théâtre au cours de sa scolarité, une chance qu’il faut défendre car elle est aujourd’hui menacée ». Il a conclu en soulignant « tout l’intérêt qu’il porte à cet atelier lycéen dans son propre parcours artistique, parce qu’il n’est pas moins sérieux, enrichissant et constructif de travailler avec les jeunes qu’avec une troupe d’acteurs de métier ». Le public a pu juger de la qualité époustouflante de ce travail dont il faut défendre l’avenir. La présence de Régine Anglard, conseillère départementale et vice-présidente à la Culture au Département, et d’autres personnalités veillant à la vie culturelle en Dordogne, laisse espérer que le message aura été entendu. S.D.
– photo 3 de Jean-Marc Cadet, de gauche à droite : le professeur M. Brignon, le metteur en scène Fabien Bassot et le professeur Nicolas Bateau