C’est avec beaucoup de plaisir qu’une salle comble a pu partager le bonheur d’écouter Monique Burg au « Manoir des Muses », samedi 3 septembre. Cette étonnante comédienne devenue conteuse au retour de ses années de formation en Angleterre, allie un savoureux parler occitan à sa manière de conter, émaillée de chants aux sonorités douces, qui apportent à ses textes une grande densité d’émotion. Le thème de cette soirée était poétiquement et ironiquement engagé pour questionner notre rapport au grand âge qui porte, plus qu’aucun autre, un regard incisif sur la vie habitée de la pensée de la mort à venir… Extraordinaires contrastes, de force et de fragilité, de richesse et de pauvreté de ces « vieux » que notre société ne sait plus regarder ni comprendre et que les « gouvernants », de loin, à grand renfort de concepteurs et de « mesures » toutes plus décalées les unes que les autres, harcèlent de nouvelles solutions comme s’ils n’étaient qu’un énorme problème social. Bref, c’est avec beaucoup de tact et d’intelligence, que Monique Burg a su nous confronter aux perles et aux couacs de ce double langage : celui des vieux, à qui on ne la fait pas, et qui ont plus de sagesse et d’humour que l’on croit, et celui des « états généreux de la vieillesse », à l’activisme vicié de faux bons sentiments. « Dernier sillon et fleurs de cimetière » fut un vrai régal, et la valeur du conte n’a échappé à personne, le conte qui sait, mieux que bien des discours, dire la réalité, l’habiller et même la déshabiller. S.D.