Coteaux Périgourdins : la vie à deux, c’est parti

Vendredi 3 février 2017, les habitants des communes de Chavagnac et de Grèzes étaient invités, ainsi que les élus des alentours, à venir fêter « le mariage » ou « la naissance » de la nouvelle commune : Les Coteaux Périgourdins, qui unit désormais Chavagnac et Grèzes. Voici des extraits des discours de cette soirée, avant le maire délégué Jean-Marie Chanquoi, on commence par le maire Jean-Marie Salvetat

Le discours du maire

« Nous avons le plaisir de vous accueillir aujourd’hui dans la nouvelle commune Les Coteaux Périgourdins. Cette commune compte à ce jour 563 habitants et s’étend sur 19,42 km2. Cette nouvelle commune est l’aboutissement d’un travail commencé il y a presque deux ans. Quelques interrogations sont encore légitimes…

Pourquoi nous avons entrepris cette fusion ?

Cela nous a paru évident au regard de nos possibilités très limitées à titre isolé. Le sentiment a été renforcé par la loi NOTRe qui nous a obligé à forcer l’allure. Cette loi qui nous donne accès à des avantages financiers non négligeables n’était pourtant pas notre principale motivation. C’est principalement d’optimiser nos moyens et de pouvoir donner le jour à des projets ambitieux qui ont été notre moteur. C’est la nécessité également de peser dans une collectivité territoriale de plus en plus gigantesque et de représenter plus qu’un tout petit point de 200 habitants sur une carte.

Pourquoi entre Chavagnac et Grèzes ?

De tout temps, les relations ont été cordiales et harmonieuses entre ces deux communes, sans jamais que l’un tente de prendre le pas sur l’autre. Un petit clin d’oeil du destin qui avec humour a même pousser le souci du détail jusqu’à doter ces deux communes de maires portant le même prénom : Daniel Chavagnat à une époque pour Grèzes et Daniel Clouzard. On travaillait ensemble depuis des années avant que Jean-Marie Chanquoi et Jean-Marie Salvetat prennent le relais. Vous en appelez un, et vous en avez deux qui tourne la tête ! Plus sérieusement, c’est grâce à ces relations, teintées d’humilité, que par le passé on a vu naître notre RPI qui a démarré initialement sur ces deux communes. Aujourd’hui, nous partageons la même vision des choses pour adapter notre école à l’évolution de notre territoire. Nous partageons également l’ambition de proposer davantage de services à la population, et plus de possibilités pour la petite enfance et la jeunesse, voire l’adolescence. Dès lors, les conditions étaient réunies pour que cette fusion se passe tout naturellement, de façon très fluide et, cerise sur le gâteau, dans les délais imposés par la loi NOTRe pour bénéficier de ses avantages. Pour autant, si la nécessité d’aller vite nous a contraint à faire simple, ce « mariage » pouvant être considéré comme une suite logique à un long concubinage, nous considérons que ce n’est qu’un point de départ. Le choix du nom est en lui-même symbolique. C’est un symbole d’ouverture. Cette cohérence des territoires ne demandent qu’à se développer sur notre causse, et pourquoi pas au-delà. L’expérience prouve que les regroupements contraints et forcés ne font jamais la sérénité. Nous avons encore la chance de pouvoir le faire librement. La seule réserve que j’émettrais, c’est celle de rester à taille humaine. Nous sommes tous ici profondément attachés à nos communes rurales. Et il est essentiel que nous, élus de proximité, restions à portée « d’engueulade » ! (Excusez-moi mais c’est le seul terme que j’ai trouvé le plus imagé.) C’est à ce prix que la ruralité et nos qualités de vie seront préservées à mon sens. L’humilité était très présente dans nos communes, elle y est encore. Nous ne sommes pas naïfs, il y a et il y aura encore des difficultés à aplanir, des imprévus, des choses auxquelles nous n’auront pas pensé, et nous sollicitons votre indulgence. Nous avons déjà fait une première gaffe, sans grave conséquence je vous rassure, et nous en ferons d’autres, inévitablement. De nouvelles habitudes doivent être prises, nous devons raisonner comme une seule et unique commune, et cela doit devenir un réflexe pour chacun d’entre nous, et ce n’est pas facile. Concrètement, nous avions anticiper cette fusion au niveau scolaire, dès septembre en répondant à l’appel à projet de l’inspection académique et en réunissant nos deux écoles en un seul lieu. De cette façon, nous avons sécuriser les postes de nos enseignants. Des améliorations sont bien évidemment à apporter. Les locaux ainsi libérés à Grèzes devaient être utilisés afin de créer une micro-crèche. Ce projet avait pour but d’éviter la fuite initiale récurrente des tout-petits vers d’autres communes. Suite à quelques difficultés, nous sommes en train de retravailler sur ce dossier sans exclure d’autres types de projets, prioritairement en direction de la jeunesse. Cette jeunesse au centre de vos préoccupations, pour laquelle une cohésion au sein du conseil municipal a été créée. Cette fusion permettra également d’optimiser les emplois. Les heures ainsi dégagées ne seront pas destinées à réduire le personnel pour faire des économies à tout prix mais plutôt à créer de nouveaux services d’assistance à la vie courante pour la population. Car une commune à mon sens n’a pas vocation à augmenter le PIB. C’est là l’avantage d’avoir effectuer cette fusion dans les délais : maintenir notre dotation et ainsi continuer à vous apporter plus de services. Le projet de mise en accessibilité de la salle des fêtes et des écoles sera désormais porté par la commune nouvelle… » Le maire a ensuite remercié les associations, les entreprises, les secrétaires de mairie, le personnel du groupe scolaire et le personnel communal… Il a présenté Stéphane, « véritable couteau suisse qui intervient comme cantonnier, renforcera notre veille envers les personnes vulnérables à l’occasion du plan grand froid, canicule, et socialement sur tout le territoire de la nouvelle commune ». Une mairie annexe à Grèzes contribue à maintenir le service public sur ce site. Jean-Marie Salvetat a enfin remercié tous les habitants et leurs encouragements au quotidien dans lesquels nous avons trouvé l’énergie nécessaire pour aboutir. « C’est en fait vous tous, ici dans cette salle, qui avaient donné naissance à la commune nouvelle des coteaux Périgourdins ! »

Le discours du maire délégué

Jean-Marie Chanquoi, maire délégué, a remercié les deux conseils municipaux avant d’ajouter que « cette nouvelle commune n’est pas figée: elle pourra très bien, comme l’a dit Jean-Marie, évoluer vers des communes voisines qui souhaiteront nous rejoindre. Le choix de ce nom a choqué quelques-uns mais a été choisi dans le but de cet élargissement ». Le maire délégué cite alors avec humour : « si l’article 212 du code civil précise que les mariés se doivent mutuellement respect, fidélité, secours et assistance, il en est de même pour la bonne marche de notre nouvelle commune »… avant d’ajouter : « je voudrais juste dire au maire des Coteaux Périgourdins que nous lui faisons confiance pour œuvrer équitablement pour l’ensemble du territoire et qui peut compter sur mon aide quelques que soient les problèmes ». L’élu a ensuite fait un clin d’œil aux artisans, commerçants, gendarmes, et pompiers présents dans la salle. Pour le personnel, il reconnaît que « ce mariage a demandé un temps d’adaptation pour apprendre à travailler ensemble ». Jean-Marie Chanquoi cite Coluche, qui rapportait dans l’un de ses sketches les propos d’un élu qui s’adressait à ses concitoyens en leur disant : « dites-nous de quoi vous avez besoin, on vous expliquera comment vous en passez ! » Le maire délégué souligne que tout est question de finances et évoque alors le coût pour améliorer l’accès à internet sur la commune en rappelant que « si l’on nous avait pas empêché de réaliser le projet (photovoltaïque) sur le coteau de Grèzes, c’est 36.000 euros qui rentraient chaque année dans les caisses des Coteaux Périgourdins et cela réglerait bien une partie du problème ».

Un cri d’alarme pour l’agriculture

Le maire délégué évoque ensuite « les menaces qui pèsent sur les exploitations agricoles qui assurent l’entretien de l’espace rural. La pérennité des exploitations est menacée comme jamais ». Il précise alors, en s’excusant, qu’il est « révolté de voir nos communes situées depuis des décennies en zones sèches et en zones défavorisées puissent être retirées de ces périmètres par l’Etat. Cela signifie la disparition de plus de la moitié des exploitations. » Il est révolté également de voir « des gens travailler sur leurs fermes dix heures par jour, parfois sept jours sur sept, pour ne pas dégager le moindre revenu et parfois perdre de l’argent ». Et il ajoute : « je suis révolté de voir un groupe laitier menacer ses producteurs de ne plus leur acheter leur lait pour avoir manifester leur sentiment d’être exploité. Je suis révolté aussi de voir, que par principe de précaution souvent exagéré, on dépense parfois de l’argent public beaucoup trop. Je me demande donc qui, dans quelques années, s’occupera des fossés, des chemins, qui dégagera les voies après les tempêtes, qui déneigera les routes de nos campagnes, qui procurera du travail à nos techniciens, vétérinaires, comptables, constructeurs de matériels, fournisseurs d’aliments, fonctionnaires de l’Etat ? Nous ferons tout pour sauver cette agriculture qui fait vivre nos campagnes. Une démarche est en cours pour favoriser les circuits-courts et l’approvisionnement des collectivités en produits locaux. Nous dépendrons de cette démarche. Le maire de Ladornac (d’ailleurs ici présent) a pris le dossier à bras le corps et je vois que le président de la communauté de communes (présent également) est sur la même longueur d’ondes. » Il conclut en « souhaitant que cette nouvelle commune apporte à tous satisfaction, et qu’elle soit à l’écoute de vos demandes… »

Le mot de l’Interco

Dominique Bousquet, président de l’intercommunalité, a pris ensuite la parole « pour plaider vers une communauté de communes encore plus grande afin de posséder un service économique plus conséquent et si possible égal à celui de Brive ou de Périgueux », et il ajoute que « le développement du territoire passe par les communes qui assureront la cohésion sociale, l’animation, la vie locale, et vous avez raison de vous être mariés autour des écoles qui sont l’avenir. Il faut que l’on garde une vie associative, une vie locale. » Puis, il laisse le micro à la conseillère départementale Régine Anglard qui a rappelé qu’elle avait été jeune enseignante ici, « déjà sur un RPI », et n’a pas manqué de souligner que « c’est un mariage mais c’est aussi surtout une naissance » avant de citer Henri Ford : « se réunir est un début, rester ensemble c’est un progrès, travailler ensemble est la réussite ».

– Extraits vidéo :

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