Les 50 ans de l’entreprise Delmon Industrie ont été célébrés samedi 21 janvier 2017 à la salle des fêtes de Terrasson. Pierre Delmon, PDG fondateur de l’entreprise qui vient de changer de nom (Delmon Group), avait invité tous les salariés de son entreprise et leurs conjoints, ainsi que d’anciens salariés, pour faire de ce moment le rassemblement d’une « grande famille » : « la nôtre » dit-il… Devant 3 à 400 personnes, il est revenu sur les principales étapes qui ont marqué la vie du petit groupe industriel qui s’est affirmé chez les plus grands, devenant même l’un des fleurons de sa spécialité : l’adhérisation caoutchouc-métal, les fonctions anti-vibratoires et le transfert des fluides…. A l’heure où le PDG vient de céder son groupe, tout en restant au conseil d’administration, Pierre Delmon a tenu à rassurer : « je resterai à vos côtés, engagé dans cette nouvelle structure ». Il est clair que « continuer à produire ici sur Terrasson a été et reste un challenge de tous les jours »… Il a tenu à adresser de nombreux remerciements à ceux qui l’ont accompagné, notamment à ses débuts comme Robert Faure aujourd’hui disparu, Joseph Dose et Claude Bernhard, deux ingénieurs, Jean Goursolle, Monique Boterf sa DRH, les partenaires sociaux, Aline Cialti-Brugeille secrétaire général du groupe, et à toute sa famille (présente en partie dans la salle). « On n’accomplit jamais seul son destin » tient-il à souligner, en ajoutant qu’il « serait prêt à repartir comme au premier jour ! »
50 ans d’histoire et quelques anecdotes
Cette soirée était un hommage au travail collectif sans distinction d’origine, ainsi qu’à tous les visages croisés lors de sa carrière. Pierre Delmon et le directeur général adjoint Eric Chamboulive retracent l’histoire de l’entreprise ainsi que le parcours incroyable d’un homme… Pierre Delmon se rappelle ses premiers petits boulots, notamment chez un oncle boucher au Lardin, puis comme apprenti dans une fabrique de chaussures. A cette époque, il joue au rugby à Terrasson. Pour lui, « issu d’une famille de modestes ouvriers du Périgord, qui avait le sens du travail, du partage et de l’honneur », certaines difficultés l’attendaient. II reconnaît que son origine ouvrière ne l’avait pas préparé à devenir patron. « C’est une suite d’événements, d’opportunités et de choix. Sans doute l’intuition, l’optimisme, et la passion des choses bien faites, de la gestion et d’une organisation presque maniaque », ont fait le reste.
Tout a basculé lorsqu’il découvre sa passion pour la chimie, le caoutchouc et les élastomères, quand il entre chez Beaudet, un atelier de mécanique et de caoutchouc (ancienne verrerie de Terrasson) et qu’il suit des cours du soir sur les techniques d’adhérisation du caoutchouc et du métal. Il reprend son entreprise après un incendie, il n’a alors que 26 ans. Il se souvient de certaines jalousies : « on disait que je n’avais pas le sou, que je n’étais pas capable et que j’étais fils d’ouvrier ! »
Les dates importantes : création le la SOCAP à Brive rue Fontaine Bleue en 1963. En février 1966, il achète, à la bougie, les bâtiments et les machines de la nouvelle Socat (société d’outillage et de caoutchouc pour applications techniques) rue Max Tourailles. En 1972, construction de l’entreprise de l’usine Socat à la zone du Coutal. En 1978, PDM voit le jour, puis en 1987 c’est le groupe des entreprises Delmon GED (SOCAP, SOCAT et PDM). En 1988, création de Socat haute-technologie. En 1993, il décroche le Label Qualité France au salon Gabriel à Paris face à l’équipe concurrente de Jacques-Yves Cousteau. En 1998, il reprend Ricardo Prehn à Barcelone. En 2001, agrandissement de la Socat à Terrasson où la superficie est multipliée par deux. En 2014, il achète INEPSA à Pampelune. En 2015, création de Delmon Industrie à Shanghaï.
Ses clients sont l’électroménager (dès le démarrage) et l’automobile, puis l’aéronautique, la défense, la recherche pétrolière et le nucléaire. La recherche et le développement, et les nombreuses certifications obtenues, ont permis à l’entreprise de jouer continuellement dans la cour des grands en se maintenant au premier rang.
Le groupe compte cinq sites de production en Europe, un peu plus de 500 collaborateurs dont 250 à Terrasson et 32 en charge du développement, réalise un CA de 60 millions d’euros dont 65% à l’exportation. Et le résultat est là : la plupart des voitures sont aujourd’hui équipées d’une « fonction » réalisée par l’entreprise ainsi que les avions Boeing et Airbus !
La robotisation arrive progressivement dans les ateliers depuis 1985, ce qui permet de maintenir la compétitivité face à la concurrence mondiale. Le directeur général Eric Chamboulive explique que l’entreprise est présente aujourd’hui sur tous les marchés « en tant que fournisseur unique. Ce qui veut dire que chaque pièce que nous fournissons, il n’y a personne d’autre en capacité de les livrer. Cela confère une énorme responsabilité en termes d’engagement et d’organisation… »
Delmon Group poursuit sa route
L’ex PDG en profite pour placer ses impressions sur le temps actuel ou à venir. Pierre Delmon donne son point de vue sur la mondialisation qui « se rétracte, les grands pays appliquent maintenant le chacun pour soi… Notre Europe appliquera-t-elle les mêmes règles notamment fiscales que ces grands pays ? » L’entreprise se porte bien : « la croissance est là et les résultats aussi », et il annonce qu’elle renouera avec la participation de ses salariés. Cet anniversaire marque selon lui « une escale technique » qu’il explique ainsi : « il s’agit de se ravitailler, de réparer les machines, laisser se reposer les hommes et préparer une nouvelle destination ».
Pierre Delmon parle par ailleurs de son engagement au service de sa ville et de son pays depuis 1989, et souligne que « Terrasson Lavilledieu est un exemple en matière de gestion, d’innovation et de développement ». Il précise qu’il a souhaité ne garder que son mandat de maire malgré de nombreuses sollicitations même au plus haut niveau.
Le PDG cite le romancier et philosophe Paulo Coelho : « Les rêves donnent du travail » et reconnaît lui-même que « la vie est une grâce qui ne demande qu’à s’accomplir tout en se dérobant continuellement sous nos pas. Rien n’est définitivement acquis et tout peut disparaître du jour au lendemain… » On espère en effet que ses successeurs garderont le plus longtemps possible cette entreprise périgourdine sur sa terre d’origine.
On notera enfin que le nouveau directeur général, Sylvain Broux, était présent à cet anniversaire, mais il est resté très discret. Une partie des salariés ne s’est pas éternisée dans la salle, malgré un buffet de bonne tenue servi par un traiteur briviste, devaient-ils déjà rejoindre leur poste ? A.R.
– Fin du discours de Pierre Delmon en vidéo :
http://youtu.be/V783fSbKZt0