Les zones humides des Beunes font l’objet de toutes les attentions, parties intégrantes des vallées des Beunes classées Znieff, Natura2000, Grand site, Patrimoine mondial de l’UNESCO et ce n’est pas tout. Il y a une obligation de les protéger, de les restaurer dans l’état qu’elles ont longtemps connu, sauf depuis ces dernières décennies. Deux premiers secteurs ont été défrichés par la Fédération de chasse de Dordogne, l’eau a coulé là où elle ne le faisait plus, la combe de Saint-Raphael à Meyrals et les marais au pied du château de Commarque. Une fois défriché, il faut entretenir ces marais, car, si rien n’est fait, les arbres vont à nouveau reconquérir ces espaces. Impensable de recourir à des engins mécanisés dans de tels espaces sensibles, les animaux sont la solution la plus simple et la moins destructrice. Un temps envisagée, la race bovine Highland adaptée aux marais a paru trop exotique, de même que les Bazadaises aux réactions vives peu adaptées à la présence de public, le choix s’est finalement porté sur la Bordelaise.
N’est-elle pas belle, Ursule avec sa robe pie noire, même ses pattes sont noires, un caractère de cette race. Mais est-elle aussi bien adaptée aux marais que les Highlands cattle ? Nous le saurons d’ici quelques années. La première est une laitière alors que la seconde est plutôt une race à viande, comme la Bazadaise. Comme la Bazadaise, c’est une race rare, mais plus encore que celle-ci, les effectifs des Bazadaises sont dix fois supérieurs.
La race bordelaise, vache rustique du Médoc et des environs de Bordeaux de couleur pie noire, avait un temps conquise la France pour leur qualité laitière. En privilégiant la recherche d’une esthétique particulière, des animaux mouchetés de petits points, une robe dite royale, on ne sélectionnait plus les animaux en fonction de leur capacité laitière, on a causé sa perte face aux vaches plus productives. Grâce à l’opiniâtreté de quelques-uns, c’est en cours de reconstitution, le cheptel est encore très fragile, il n’y a encore que 134 femelles à ce jour, ce qui en fait le plus petit cheptel des races rares en France. Trois sont arrivées dans la vallée des Beunes : Lumière, Ursule et Gédusor le taureau. Deux vont repartir et trois autres vont arriver avec pour but de nettoyer le marais et de se multiplier, vont-elles s’acclimater dans ce milieu de prairies riches, mais où l’eau est partout présente, avec même de profonds trous d’eau présentant un réel danger ?
Régis Ribereau-Gayon, du Conservatoire des Races d’Aquitaine nous l’a dit, il était un peu sceptique… Comment tous ces gens pouvaient s’entendre ? Un équipage fait de politiciens aux couleurs opposées, de multiples organismes et propriétaires, pourtant tous ont réussi à s’entendre et le projet s’est concrétisé. Vendredi 5 mai aux Eyzies, les représentants de 40 communes du bassin de la Vézère périgourdine ont été invités au Château de Commarque par la Présidente du Syndicat mixte du bassin versant de la Vézère en Dordogne et conseillère régionale, Nathalie Fontaliran, et Henri de Commarque ; ils ont participé à la signature d’une convention pour l’introduction de la vache de race bordelaise dans les zones humides des Beunes.
Étaient également présents : Jean-Claude Segrestat, éleveur local qui aura la charge de ces bêtes, Michel Amblard et Jean-Marie Laval, respectivement actuel et ancien présidents de la Fédération de chasse de la Dordogne, Gérard Teillac du CRDA du Périgord Noir et Nathalie Manet-Carbonière pour le département. On notait également la présence de Jérôme Peyrat en tant que président de l’Office de tourisme Sarlat Périgord Noir.
Photo 2 : Hubert de Commarques, Gérard Teillac, Michel Amblard, Jean-Claude Segrestat éleveur, Nathalie Manet-Carbonière, Nathalie Fontaliran du Syndicat mixte du bassin versant de la Vézère en Dordogne, Jean-Marie Laval et Régis Ribereau Gayon du Conservatoire des Races d’Aquitaine