C’est avec la même chaleur que pour sa première conférence sur l’Opéra de Paris, et avec de très nombreuses illustrations musicales que Joël Costi a fait partager, mardi soir 18 février, à la quarantaine d’auditeurs de la médiathèque de Terrasson, son amour et sa connaissance d’Offenbach, « le petit juif qui a enflammé le cœur des Français, il y a de cela deux cents ans… » dont la musique universelle touche toujours l’auditeur.
Commençant par la fin, Joël Costi évoque le seul opéra composé par Offenbach, Les contes d’Hoffmann, que la mort l’a empêché de terminer et de créer – tâche confiée à l’époque à son ami Ernest Guiraud-. Ce n’est qu’en 1970 qu’on est parvenu à reconstituer l’œuvre dans l’esprit voulu par Offenbach. Nous en avons eu une magnifique illustration par Roberto Alagna et Nathalie Dessay.
Quelques anecdotes sur la jeunesse de l’artiste nous font toucher son talent, sa ténacité et son espièglerie. Jacob Offenbach est né sur les bords du Rhin dans une famille de musiciens errants ; très jeune, il avait formé un trio avec son frère Julius (violon) et sa sœur Isabella (piano), lui-même pratiquant le violoncelle ; conscient de sa virtuosité, son père l’amène à Paris où prend le prénom de Jacques et force les portes du conservatoire, en principe fermé aux étrangers, en jouant dans le couloir du directeur qui succombe à son talent. Bientôt Offenbach s’ennuie au conservatoire et il entre à l’orchestre de l’Opéra Comique où il s’amuse à alterner les notes avec son partenaire de pupitre, preuve de leur virtuosité et de leur espièglerie. En 1835, grâce la formation de Fromental, il s’initie à la composition.
En tant que compositeur, la gloire d’Offenbach grimpe rapidement dans le cadre du Second Empire. Lors de la première exposition universelle il obtient le droit d’exploiter une salle où peuvent se produire trois ou quatre voix « les Bouffes Parisiens ». Il en crée rapidement une seconde : le succès de sa première œuvre Ba-ta-clan , une chinoiserie, donnera son nom à la salle du Boulevard Choiseul.
Le duc de Morny autorise le compositeur à créer des pièces en plusieurs actes avec un chœur et de nombreux solistes. Naissent alors de célèbres opéras bouffes, Orphée aux Enfers, La belle Hélène, inspirés de la mythologie ou encore La Vie Parisienne et la Grande Duchesse Gérolstein, La Périchole qui plongent leur inspiration dans le monde contemporain. Virtuosité, gaîté, verve, humour et légèreté sont les marques de ces œuvres où Offenbach et ses librettistes (Halévy, Meilhac et Crémieux) ne se privent pas de se moquer et de ridiculiser la bourgeoisie ou les Grands de ce monde qui se pressent aux représentations et séduisent les cantatrices .
La censure atteint Offenbach dans les prémisses de la République : il est considéré comme un soutien de l’Empire et de la Prusse par les Républicains Français, et comme un traître rendu aux intérêts de la France par les Prussiens. (Une seconde censure aura lieu sous le troisième Reich et pendant la guerre)
Il connaît un grand succès lors de sa tournée américaine en 1876 et compose encore deux œuvres légères : Madame Favard et La fille du tambour major.
Il meurt en 1880 sans avoir achevé son opéra, les Contes d’ Hoffmann. Il se considérait comme un artiste Français et a été enterré au cimetière Montmartre où une statue de bronze a été érigée grâce à une souscription nationale. Sa musique a une portée universelle et a été diffusée de son vivant dans le monde entier : l’Europe, les Etats Unis, l’Australie, et sa popularité est liée à la traduction des œuvres dans la langue des pays de diffusion. Il nous a laissé une profusion d’œuvres : plus de six cents répertoriées à ce jour où les prospections ne sont pas achevées.
Encore une fois les auditeurs de la conférence ont beaucoup appris, avec un grand plaisir, et ils ont été transportés par les multiples extraits où les moins connaisseurs ont pourtant retrouvé des morceaux de leur propre « patrimoine ».