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« Bechet au Féminin », soirée annulée

Annulé. « Bechet au Féminin » par la Cie Du Souffle Aux Cordes, sera présenté le vendredi 6 novembre 2020 à 21h à la salle des fêtes de La Feuillade (24). Un hommage à Sidney Bechet… Une soirée d’Itinérance culturelle en Terrassonnais.

C’est plus qu’un concert, c’est un rendez-vous… Le premier morceau de jazz qu’à joué Mary Estrade était : Petite fleur. Elle avait 12 ans ! Son surnom, à cette époque, était « petite fleur ». Alors oui, il fallait y revenir, mais pas seule cette fois, avec d’autres musiciens qui partagent cette envie. Pour Mary, ce projet est plus qu’une envie, c’est un besoin… Le besoin d’aller à la rencontre de cet immense Monsieur qu’était Sidney Béchet, de vous faire partager sa passion, sa musique, sa vie… De parler de ces années durant lesquelles être un homme de couleur, musicien de jazz était un défi… La musique de Sidney Bechet est imprégnée de cette couleur noire, de blues, de douleur, de joie… Duke Ellington disait : « Nous ne devons pas oublier le plus grand : Bechet ! Le plus grand de tous les grands créateurs, le symbole du jazz ! Sa clarinette avait une sonorité fantastique, robuste, une sonorité comme on n’en fait plus. Les gars de la Nouvelle Orléans ont vraiment appris quelque chose. Je considère Bechet comme la base. Tout ce qu’il jouait venait de l’âme, de l’intérieur … » Nous ne pouvons que remercier la France d’avoir accueilli avec tant d’enthousiasme ce personnage haut en « couleur ». Sidney Bechet en a d’ailleurs fait sa deuxième famille, à tel point qu’il est enterré à Grigny…

La Cie Du Souffle Aux Cordes confie : « ce n’est pas facile donc de jouer le répertoire de ce grand monsieur qui pourrait sembler simple pour certains. En réalité, il n’en ai rien. Sydney Bechet, c’est un son, un virtuose de l’improvisation, une vitesse d’exécution hors norme, une créativité sans fin… Notre travail n’était donc, non pas de « restituer du Sidney Bechet », ni même de lui faire perdre de son essence, mais plutôt de trouver notre chemin, de se faire une place avec notre couleur musicale, notre univers, notre époque, nos instruments, mais surtout : notre passion ! » Ce projet est joué en quartet : Mary Estrade à la clarinette, au saxophone soprano et au chant, Philippe Pouchard à la guitare solo, Marc Estrade à la guitare rythmique et Jérôme Gast à la contrebasse. Cela donne un spectacle plein d’énergie, de joie, d’humour et d’aventures… « Espérons qu’il sourira en nous entendant ».

– Mary : Clarinette / Saxophone / Chant. Elle est avant tout clarinettiste, diplômée (médaille d’or) de l’Académie Royale de Mons, premier prix du Conservatoire de Bruxelles à l’unanimité en musique classique. Au début des années 90, elle arrive sur Paris et arpente les couloirs du métro où elle est repérée par les équipes d’Antenne 2. Elle apprendra le saxophone avec G. Menousek professeur à l’American School of Paris. Elle accompagnera Diane Tell, Annie Cordy, Alain Souchon aussi bien sur scène qu’en studio. Elle enregistrera la partie clarinette de la chanson de Souchon « J’ai dix ans », jouera avec Babik Reinhardt, collaborera avec Marc Jolivet, Rufus, François Debreuille… Elle travaillera aussi comme musicienne de plateaux de télévision (Champs Élysées, Les Nuls, studio Gabriel…). Malgré tout elle retourne régulièrement sur les quais du métro et dans les clubs parisiens, elle se livre ainsi à sa passion, le jazz. Elle est repérée par Pierre Chérèze (guitariste de J. Higelin, Coluche…), elle sera recrutée en tant que clarinettiste, saxophoniste et choeur sur la tournée de Jacques Higelin 1991 / 92 (le grand Rex) sous le nom de Marie Garcia. Elle participera à l’album ‘LE REX » de J. Higelin Mary jouera aussi avec Faton Cahen (ex Magma) dans le groupe Zao en tant que saxophoniste. Après une grande pause musicale (12 ans) pour se consacrer à sa famille – elle revient récemment (2012) comme soliste et leader de Bluemary Swing, clarinettiste dans le projet DU SOUFFLE AUX CORDES (enregistrement « De l’autre coté du Musette » album en 2017). Mary se met à l’écriture et la composition musicale et monte sa formation « Mary Estrade Project » en 2018. Elle initie le spectacle « Le Clos de Nougaro » en 2018.

– Philippe Pouchard : Guitare solo. Autodidacte de la guitare, débute à l’adolescence avec le rock 70 et Franck Zappa, à 20 ans découvre Coltrane et Pat Metheny. A la fin des années 80 effectue deux stages de jazz avec Mimi Lorenzini. Guitariste professionnel « tout terrain » depuis 1990, il a connu de nombreuses expériences de scène avec bon nombre de groupes et musiciens tels que : « Punk Jazz » (hommage à Weather Report), « Bloc Note » (jazz rock), « Jazz de Pique », « Namas » (funk), « Wolbis » (afro beat), « La Grande Marche Des Pingouins » (compositions jazz), « Ronnie Caryl » (rock 70, Ex musicien de Phil Collins), Marc Angers (chanson / Quebec), « Michel Herblin quartet », « Mary Estrade Project ». Rock, Funk, Jazz, jazz fusion, Soul, Reggae, Blues… font de Philippe un musicien soliste et rythmique reconnu et très apprécié des plus grands puisqu’il fera les premières parties de DEEP PURPLE, Didier LOCKWOOD, SINCLAIR et Bireli LAGRENE.

– Marc Estrade : Guitare. Autodidacte passionné de musique depuis toujours, il apprend quelques accords au lycée mais se consacre à une carrière plus « scientifique ». Après plusieurs années à exercer son métier dans l’industrie et les technologies, un mariage avec Mary, il « recroise » une guitare en 2006, la passion et le travail le conduise naturellement vers la scène et le métier de musicien. Il suivra un stage « éclair » avec le guitariste jazz Gilles Clément ainsi qu’une formation avec le trompettiste / professeur Claude Mirandola. Il intégrera des groupes comme Bluemary Swing (jazz), M&M (chansons), Bob Neuville (blues), Les Valsenska (melting pot de valse musette n’roll), les Cyclos Swing, prêtera « main forte » à Michel Herblin et rythmique dans Du Souffle Aux Cordes.

– François Chanut : Contrebasse. Né en 1971, il choisit la contrebasse en 1990, après quelques années de guitare en autodidacte. Il suit alors les cours d’Yves Rousseau au CIM, et connait dès 1991 ses premiers engagements professionnels. Ses musiques de prédilection sont le jazz et les musiques latines, notamment afro-cubaines et brésiliennes. Des séjours en Colombie et Equateur (3 mois en 1993), puis à la Nouvelle-Orléans (l’année 1994) lui ont donné la chance d’en approfondir ses connaissances, au plus près, au contact. A partir de 1995, il vit trois ans à Berlin, puis huit ans aux Pays-Bas, où il a suivi le cursus complet d’études supérieures de musique, d’abord au conservatoire de Rotterdam, puis à celui d’Amsterdam ou il obtient le diplôme en contrebasse jazz en 2002 (master I). Il a travaillé avec de nombreuses formations, du duo au big band, explorant de nombreux styles, rencontrant des musiciens d’horizons très divers, et donc des approches de jeu variées. Il a eu l’occasion de jouer dans une bonne moitié des pays d’Europe, et aussi au Sénégal, au Maroc, à Cuba, aux Etats-Unis, en Chine… et a participé à une douzaine de disques. Après la naissance de son fils en 2012, il s’oriente vers l’enseignement et exerce actuellement comme professeur d’éducation musicale dans les collèges de l’Education Nationale du Lot, en parallèle de ses activités de musicien.

– Jérôme Gast : Contrebasse. Au départ une formation classique de violoniste, puis s’ouvrant à d’autres univers « groovinants », il s’oriente vers la basse, l’amenant à jouer dans des collectifs jazz, funk et autres musiques actuelles… Il joue dans plusieurs formations telles que « appel tes copains » ou « la balle mécanique ». Retour à l’acoustique, le voilà maintenant avec une contrebasse, toujours dans l’idée de tâter le groove des doigts. « Musicothérapeute » depuis 2018. Contrebassiste dans la compagnie « Du Souffle Aux Cordes »…

Parmi les oeuvres que l’on pourra peut-être écouter ce soir-là à La Feuillade : « Joshua fit the battle of jericho » ; « Promenade aux Champs Elysées » ; « Muskrat Ramble » ; « Petite Fleur » ; « Si tu vois ma mère » ; « Dans les rues d’Antibes » ; « Le Marchand de Poissons » ; « Summertime » ; « Mme Bécassine » ; « Wolverine blues »…

 



 

Dans un article du blog Souillac en Jazz, Robert Peyrillou écrit : « La Petite Fleur du parc… »

« Marie la petite fleur a poussé et elle nous a offert un bouquet de chansons à la Béchet… Mi conférence, mi concert, la Compagnie du Souffle aux Cordes proposait une soirée « racontage »… Racontage de Marie Estrade de la vie du musicien qui lui, comme le disait Jean Cocteau, « ne bavardait pas, il parlait, et sa parole était toujours émouvante et puissante », comme sa musique. On se balade de 1919 à 1959. Le 1er octobre 19, il a tout juste 22 ans, le musicologue suisse Ernest Ansermet dans la Revue romande dit de lui : « il ne sait rien dire de son art, sauf qu’il suit son « own way », sa propre voie, et quand on pense que ce « own way » c’est peut-être la grande route où le monde s’engouffrera demain». On commence avec  Muskrat Ramble, qu’il enregistra pour la première fois le 11 novembre 1940 avec Professor Sidney Béchet with Doctor Henri Levine and his Barefooted Dixieland Philarmonic, qu’il joua régulièrement, thème de Kid Ory, à moins que ce soit de Louis Armstrong … Béchet quant à lui pense que c’est un vieux thème de Buddy Bolden « The Old Cow Died and the Old Man Cried », va savoir, tout ça c’est du racontage ! On continue avec Tiger Rag enregistré pour la première fois avec Duke Ellington and The Washingtonians fin 1924, Marie évoque Noble Sissle son premier grand orchestre … et moi Martial Solal avec qui il enregistra en 57 « Son jazz n’était pas le mien, mais, pour la paix musicale, nous avons mis en boîte un disque sympa en trois heures » se souvient le pianiste. S’il ne nous avait pas quitté si vite, auraient-ils faits route ensemble ? Je me souviens de la grande affiche dans la salle du fond du Grand Hôtel, la Revue Nègre, Béchet faisait partie des musiciens derrière celle qui allait devenir notre voisine, Joséphine Baker. Bien sûr Sidney Béchet ce sont Dans les Rues d’Antibes, Le Marchand de Poissons, Petite Fleur, As-tu le cafard ? en 49 et au début des années 50, Les Oignons vendus à plus d’un million d’exemplaires, son disque d’or lui fut remis le 19 octobre 55 après un concert gratuit qui tourna à l’émeute à l’Olympia, 2800 fauteuils, 3000 spectateurs dans la salle, autant dehors, 200 fauteuils cassés, 10 blessés,  de quoi faire pleurer Miles Davis qui ne savait pas que dix ans plus tard il enregistrerait Kind of Blue qui se vendrait à plus de 4 millions d’exemplaires. On n’oublie pas Blackstick chef d’œuvre béchetien magnifiquement interprété par le quartet comme Si tu vois ma mère que Woody Allen, par ailleurs clarinettiste a placé en début de son film Midnight in Paris en 2011… Marie Estrade a su nous rappeler  que la « clarinette de Béchet avait une sonorité fantastique, robuste » comme le précisait le Duke en 62.

La voix, le saxophone, la clarinette étaient présentés dans un écrin de choix, la guitare solo de Philippe Pouchard, que le public saluait à chaque solo, et la rythmique hyper solide de Marc Estrade aux banjo et guitare et Jérôme Gast à la contrebasse…

On retrouvera cette époque et la musique de Sidney Béchet le 14 novembre 2020 avec la conférence à Souillac de Philippe Baudoin, spécialiste par ailleurs de Béchet : « Cinq femmes afro-américaines animatrices de premier plan dans le Pigalle du jazz de l’entre-deux guerres » et le concert à Pinsac d’Olivier Franc et Jean-Baptiste Franc « Sidney Béchet & Stride ». Olivier Franc est dépositaire du saxophone de Sidney Béchet et reconnu par les critiques comme son meilleur disciple, son père René Franc, clarinettiste, a été compagnon du saxophoniste ». Robert Peyrillou

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