Alain Juppé était de passage à Terrasson, samedi 5 novembre 2016. Après une escale à Bergerac et à Sarlat le matin, il est arrivé à Terrasson vers 14 heures à la salle « l’Entracte ». Il a ensuite quitté la Dordogne pour la Corrèze vers 16 heures. Le candidat de la droite et du centre à la primaire du 20 et du 27 novembre a rencontré, autour d’un repas, des entrepreneurs, des agriculteurs, des élus, ainsi que des représentants du Medef et du parti politique Les Républicains. Le thème des débats portait sur la ruralité, mais les questions posées par certains des 70 participants reflétaient de nombreuses préoccupations, notamment concernant le développement économique ou les difficultés du monde agricole.
Le maire de Terrasson, Pierre Delmon, a présenté sa ville à l’invité, insistant sur le caractère atypique de Terrasson au plan industriel. Il a rappelé la devise qui guide son action depuis 25 ans: « quand on crée de l’économie, on crée de l’emploi et quand on crée de l’emploi, on crée de la richesse. » M. Delmon explique : « on fait entre cinq et sept millions d’euros d’investissements chaque année, financés par de l’auto-financement à 80%. Aujourd’hui, la ville de Terrasson est désendettée de 70 %. Les impôts n’ont pas été augmentés pendant 28 ans et on les a même baissés sur les cinq dernières années de 7 %. Nos entreprises ont besoin d’un ballon d’oxygène et de confiance ».
Avant de répondre aux questions de la salle, Alain Juppé a pris la parole : « Je me présente à vous comme un candidat optimiste, mais l’optimisme n’est pas de la naïveté, c’est le réalisme… J’ai pleinement conscience des difficultés auxquelles est confronté notre pays, suite à un quinquennat désastreux sur tous les plans. La croissance traîne alors que de nombreux pays autour de nous redémarrent. Nous avons un chômage de masse qui ne recule pas et l’agriculture est en grand désarroi. » Le candidat a ensuite précisé les principaux axes de son programme : « j’ai construit mon projet autour de trois grands E : un État fort qui garantisse la sécurité des Français ; l’Emploi… Il faut aller vers le plein-emploi. Cinq à 6 % de chômage, c’est possible. Et enfin l’Education, parce que c’est la mère des réformes qui conditionne tout le reste. »
Parmi les problèmes évoqués, la lourdeur administrative, par exemple le code du travail ou celui de l’urbanisme, la loi sur l’eau… « On le voit bien, la construction est en panne » lance M. Delmon.
Alain Juppé dénonce en France « un excès de prélèvements obligatoires, de taxes et charges de toutes sortes, nous battons le record d’Europe et presque le record du Monde dans ce domaine, près de 45% de notre PIB passent en impôts et en taxes. C’est aussi un excès de législation et de normes qui nous pénalise tous… Derrière tout cela, une dépense publique qui explique le poids des prélèvements obligatoires et qui dépasse là aussi tous les records : 55 à 56% du PIB, alors que la moyenne en Europe doit être à 48… Un déficit que nous n’arrivons pas à résorber, la conséquence c’est une dette qui ne cesse de croître puisqu’aujourd’hui nous ne sommes pas loin de 100% du PIB en dette publique. Il faut rompre avec cette spirale. »
Le candidat est bien sûr attendu sur les actions qu’il envisage et n’hésite pas à prendre l’exemple de Terrasson. « La façon dont vous avez rétabli les finances et l’économie de cette ville illustre bien que, quand on le veut, et qu’on se donne réellement les moyens d’agir, eh bien on peut y parvenir… »
Ses solutions ? « Il faut résolument baisser les impôts et les charges, et le faire sur la durée, sans changer tous les six mois de politique. Ma première proposition de loi consistera à bâtir une programmation fiscale sur 5 ans pour bien fixer le cap et que les entreprises sachent sur quoi elles peuvent compter. Au total, j’envisage de baisser les impôts de 35 milliards d’euros, en brut. Comme pour financer l’une de ces baisses, j’augmenterai la TVA d’un point en net, cela fait 28 milliards et demi d’impôts. » Selon lui, « la TVA est un impôt économiquement intelligent : il détaxe nos exportations, il taxe nos importations, il taxe le tourisme… » Autres mesures : rapprocher le taux de l’impôt sur les sociétés du taux européen moyen, (…) abrogation de l’ISF qui est un impôt contre-productif et injuste, qui fait fuir l’argent à Genève, Bruxelles, Londres ou dans la Silicon Valley… Revoir aussi la taxation des plus-values de cessions et dividendes, et repasser à une taxation forfaitaire de 24%… »
Alain Juppé reconnaît « l’extraordinaire complexité de la réglementation qui frappe aussi bien les entreprises que les collectivités ». Il « abrogera le compte pénibilité, une stupidité bureaucratique, même s’il faut prendre en compte la pénibilité de certains métiers… » Il veut s’en prendre aussi aux « seuils de 10 et de 50 salariés en France, tout simplement parce que quand on passe à 50, vous avez une masse d’obligations fiscales et sociales qui s’ajoutent et je proposerai de les geler pendant cinq ans ». Le candidat « travaille sur un CDI sécurisé. De nombreux chefs d’entreprises disent : on pourrait embaucher mais on ne le fait pas. La raison ? Parce que, si demain je perds une commande importante et que le chiffre d’affaire s’effondre, débaucher c’est se mettre à la merci du juge et cela peut durer pendant des mois et infliger des sommes tout à fait astronomiques. Mon idée est d’inscrire dans la loi les motifs réels et sérieux d’un licenciement économique pour que dans le contrat de travail individuel, on puisse se référer à ce titre et ne pas être prisonnier ensuite de la jurisprudence si ensuite on est obligé d’ajuster ses effectifs. » Par ailleurs, « c’est dans l’entreprise que serait réglée la durée du travail » en mettant l’accent sur « toutes les procédures d’intéressement et de participation, d’actionnariat salarié… »
Des questions ont été posées par des agriculteurs, notamment le président de la FDSEA Dordogne Fabien Joffre et le maire de Grèzes, par ailleurs agriculteur, Jean-Marie Chanquoi, par Francine Bourra conseillère départementale et présidente de l’AIT, et par Roger Larouquie 1er adjoint au maire de Terrasson… (à venir)
Dominique Bousquet, président de la communauté de communes du terrassonnais, conseiller départemental et maire de Thenon, organisait ce débat au titre de président de la Fédération des Républicains de Dordogne. Il tient à préciser : « nous recevons tous les candidats à la primaire. Je ne soutiens aucun candidat, le président doit rester impartial et au-dessus de ces propositions de programmes des uns et des autres… Mon rôle est de favoriser l’information, le débat. J’ai reçu François Fillon, Nathalie Kosciusko-Morizet. Aujourd’hui c’est Alain Juppé. Et c’est avec plaisir que j’ai organisé ce débat, surtout dans ce bassin terrassonnais où entrepreneurs, commerçants, artisans, industriels et agriculteurs se posent des questions ».
En vidéo : un extrait de l’intervention d’Alain Juppé sur le thème du numérique, des services publics, des déserts médicaux…
http://youtu.be/XjUSKTeDNzE