Le site de Notre-Dame-de-la-Cabane à Cublac est sur le point d’être racheté pour créer un projet ambitieux : un hôtel cinq étoiles et une résidence de tourisme. Cet ancien séminaire du 17ème siècle est aujourd’hui à l’état d’abandon, sur 12 ha boisés à 1,5 km du centre-bourg. Bâti en 1669, le site fût aussi au début du siècle le collège Bossuet qui a été déplacé ensuite à Brive. La société Revive, basée à Malte, souhaite acquérir le site pour investir 30 à 40 millions d’euros. Le maire de Cublac, Jean-Marc Brut, répond à nos questions…
Racontez-nous comment se sont passés les premiers contacts, est-ce que cela vous a surpris ?
Jean-Marc Brut : « Le site de Notre-Dame-de-La-Cabane est en vente depuis des années. Le propriétaire actuel, M. Gérard, souhaitait le vendre et par l’intermédiaire d’une agence immobilière, un acquéreur s’est présenté en mai l’an passé. Cette structure maltaise souhaite investir sur ce site pour en faire un lieu touristique avec une partie hôtel cinq étoiles, restaurant, et une partie lieux d’habitation: des appartements, voire certaines maisons. Ce site a une certaine valeur historique et une situation élevée qui le rend visible d’un peu partout. Pour moi, c’est presque devenu un handicap car malgré une aile encore habitable, une bonne partie de ce bâtiment tombe en ruines, faute d’avoir été recouverte après la grêle de 1983. Plus qu’une surprise, ça a été une joie de rencontrer un acquéreur potentiel. Depuis, nous menons des démarches administratives qui sont assez complexes. La plan local d’urbanisme doit être aménagé et adapté au projet. La demande de permis de construire a été déposée dans les délais. Il y a des pièces complémentaires à rajouter. On va sans doute aboutir, mais c’est relativement long. On croise les doigts pour que ce projet se réalise ».
Est-ce que la proximité de la vallée Vézère et du Périgord contribue à la réussite de ce projet ?
J.M-B. : « Oui. Je pense que c’est ce qui intéressait les investisseurs. Sur FR3, M. Saget qui est l’interlocuteur français, l’a bien dit : c’est la situation géographique de Cublac et du site de La Cabane qui les a intéressés, avec la proximité des sorties d’autoroute, du croisement autoroutier donc, de l’aéroport, du ferroviaire aussi, même si, on le sait bien, ce n’est pas un TGV. L’attrait touristique du secteur nous est favorable avec surtout la vallée de la Vézère, Montignac-Lascaux, etc. Aujourd’hui, c’est un attrait pour l’international car le site devrait viser plutôt une clientèle internationale que nationale ou locale ».
Est-ce que la municipalité de Cublac devra faire un effort pour accueillir ce projet dans les meilleures conditions, notamment le confort numérique ?
J.M-B. : « Absolument, la fibre est déjà à Cublac. Elle ne dessert pas encore les usagers. C’est prévu pour 2020 ou 2021, avec l’agglomération de Brive. C’était une question, c’est vrai, des financeurs. Ils prévoient l’ouverture en 2019-2020 et on espère être en conformité avec l’arrivée de la fibre dans toutes les habitations ».
Avec un tel projet, une quarantaine d’emplois pourraient être créés dont certains, salariés, résideraient sans doute sur Cublac ?…
J.M-B. : « Oui on parlait de 40 à 60 emplois, même si ce n’est qu’une trentaine, ce serait bien. L’objectif est quand même de les héberger sur place. L’aile qui est aujourd’hui encore habitable est prévue pour recevoir justement une grande partie des salariés du site. Cela n’empêche pas que l’on pourrait avoir, en parallèle, des personnes qui souhaitent habiter sur Cublac. Notre PLU permet encore de la constructibilié. »
Vous dénoncez (dans une interview chez nos confrères) une certaine lourdeur administrative dans ce projet ?
J.M-B. : « Oui, ce que je veux dire, c’est qu’il ne faut pas que ce soit un frein à la réalisation du projet. Je veux parler de la partie permis de construire avec l’obligation de fouilles archéologiques, l’accessibilité, etc. Sur un dossier comme celui-là, il peut y avoir un petit grain de sable qui peut se mettre dans les rouages. C’est un peu un coup de gueule que j’ai car je trouve que la démarche administrative est très lourde. »
Il semble que ce site est encore habité, est-ce que les propriétaires sont vraiment d’accord pour vendre ?
J.M-B. : « Le propriétaire, ou son épouse, que j’ai eue récemment au téléphone, certes, n’apprécie pas que les gens se promènent sur le site. J’invite à la prudence. Ce n’est pas un site qui peut se visiter aujourd’hui. Le bâtiment ne semble pas être habité, mais peut l’être, soyons raisonnable. Et puis la vente est déjà engagée. Un sous-seing a déjà été signé au mois de juin l’an dernier. La vente est en cours, il reste à signer l’acte authentique qui est prévu au printemps-été mais qui est soumis à l’autorisation du permis de construire ».
Les financeurs viennent de Malte, est-ce que cela ne vous dérange pas qu’une entreprise qui a les pieds ailleurs, notamment dans un possible paradis fiscal, puisse exploiter ce projet ?
J.M-B. : « Honnêtement, je vous dirais non. Un tel investissement de quasiment plus de 30 millions d’euros sur une commune rurale comme la nôtre, je pense que c’est une manne. Comprenez bien que c’est un atout pour la commune. Ce n’est pas à moi de me soucier d’où provient l’argent quand je pense qu’il y a des transactions qui sont sans doute en cours. A mon avis, c’est plus au notaire à se poser la question qu’à moi. Malte a peut-être mauvaise presse, mais ce type de projet a déjà été réalisé là-bas. M. Brown qui est le promoteur aujourd’hui, est anglais. Ce n’est pas mon rôle de m’immiscer là-dedans, ce n’est pas un projet public, c’est donc privé avec un intérêt public, certes. Et il y a des personnes plus spécialisées et en charge, je suis aussi en rapport avec les renseignements généraux bien évidemment, pour enquêter sur la chose ».
Les Cublacois vous ont-ils fait part de leur point de vue ?
J.M-B. : « Réhabiliter un site qui, aujourd’hui, est dans un tel état de délabrement, ne peut que plaire à mes concitoyens. Cela ne peut qu’apporter un agrément à la commune. Ce sont aussi des taxes qui vont arriver certes en grande partie à l’Agglo mais un peu quand même à notre commune. Et puis, c’est une population nouvelle qui ne sera peut-être pas permanente mais qui pourra redonner un essor à notre commune. Je ne m’avance pas trop sans doute en disant que beaucoup de Cublacois sont favorables à ce projet ».
Toute la presse est venue cette semaine à Cublac, cela a dû être remarqué ?
J.M-B. : « C’est vrai que l’on a eu la télévision. Mais après, c’est mon secrétariat de mairie qui a été sollicité. Beaucoup de média en ont parlé à la demande des investisseurs de la société. Celle-ci a voulu communiquer avec l’intention, peut-être, de promouvoir leur projet. Et aujourd’hui, on est même déjà un peu inondé de propositions de services et de demandes d’emploi. A mon avis, c’est un petit peu prématuré ».
Quelle est la prochaine étape dans ce projet ?
J.M-B. : « Pour ce qui nous concerne, je ne parlerai que de ça, c’est surtout l’obtention des autorisations de construire, et de réaliser le projet. C’est ce qui permettra de signer l’acte authentique. Pour la partie financière, cela ne me regarde pas. Ce que l’on peut aider à faire aboutir, ce n’est que la partie administrative, encore une fois ».
En quoi l’Agglo vous apporte son soutien ?
J.M-B. : « L’agglo de Brive est derrière nous, surtout sur la partie technique, au niveau assainissement. Pour l’instruction du permis par son propre service, c’est vrai que l’on travaille beaucoup avec eux ».
– Photo : le site de la Cabane, vu de la rue de La Fontaine, à Cublac le 3 février 2018… Dans le projet, une piscine couverte serait créée et le maire espère déjà pouvoir négocier l’accès à la structure pour les habitants de la commune.
– De leur côté, les propriétaires des lieux, joints par téléphone, affirment qu’ils résident toujours sur le site… « C’est notre domicile, ce n’est pas abandonné. Et rien n’est fait, ce n’est pas encore vendu », on peut comprendre qu’ils ne souhaitent pas être dérangés par des visiteurs curieux.