Gérard Boudy, qui a largement contribué au développement de la nuciculture, a été intronisé à la Confrérie de la Noix du Périgord à Nailhac en pays d’Hautefort, lors de la Fête de la Noix le 19 aôut dernier (2018). Sur la photo (3e en partant de la gauche), il est entouré de membres de la confrérie, de son fils, de sa belle fille qui tient dans ses bras sa (toute) petite fille.
Cet ancien conseiller municipal à Montignac est né en 1947 au sein d’une famille d’agriculteurs à Manestrégeas, lieu-dit situé sur les coteaux de la commune de Montignac. L’exploitation se consacrait à l’élevage et à la polyculture, dont déjà la production de la noix. Une production qui n’était pas anodine puisqu’elle constituait un véritable revenu quand les saisons étaient favorables. Dès les années 1940, Paul Grelière, dans sa « Géographie de la Dordogne » ne manque pas de signaler cet aspect. Il écrit : « Parmi les arbres fruitiers, il faut mentionner tout spécialement le noyer qui est une source de gros revenus et que les cultivateurs avisés doivent s’efforcer de multiplier ». Il se raconte encore que « la vente d’un noyer permettait d’acheter un tracteur ! »
Gérard Boudy obtient le certificat d’études en 1961, et aurait été le premier du canton. C’est une bonne base pour la suite de ses études : il rejoint l’école d’agriculture d’hiver à Borie Bru et Chamiers pendant deux ans. Durant les années soixante, le contexte de l’agriculture change considérablement. A Manestrégeas, le troupeau laitier s’agrandit, la fraise fait son apparition, la mécanisation s’intensifie. Mais les années passent et la production laitière ne représente plus le même intérêt. Les « anciens » disparaissent, et au-delà de l’aspect affectif, c’est une perte considérable de main d’oeuvre très disponible et dévouée.
« Il faut évoluer »
C’est ce que constate le même Paul Grelière, fin connaisseur du monde agricole et pionnier de la formation agricole dans son ouvrage « La Dordogne, Ancien Périgord ». Il écrit que « le Comité départemental interprofessionnel de la noix a pris en main vigoureusement la défense du noyer. Il en encourage l’expansion, indique les soins et traitements qu’il exige ainsi que les variétés de noix les plus demandées ». Il constate que « c’est à la fois un élan d’extension et de rénovation de la noyeraie périgorde qui naît. »
C’est dans ce contexte que s’inscrit l’évolution de Manestrégeas. La première plantation se fait sur la propriété familiale de La Coste, en bordure de la Vézère dans les années 1960. Elle se poursuivra sur les côteaux de Manestrégeas où peu à peu les prairies laissent la place aux noyers.
La transition est difficile durant quelques années entre la baisse programmée des revenus laitiers en attendant la pleine production des noyers. Aujourd’hui, la mutation est achevée : ce sont maintenant plus de 40 hectares qui sont en production. La technique et la technologie ont suivi tant sur le plan de la récolte et du conditionnement, voire même de la transformation.
Albert Boudy, le père de Gérard, avait initié cette évolution fondamentale. Gérard l’a menée à bien avec talent et courage. Il est maintenant à la retraite et profite de sa famille. Il a le plaisir de voir que l’aventure continue avec ses enfants Adeline et Firmin. Ainsi, Gérard Boudy a consacré de la sorte, avec talent et conviction, une grande partie de sa vie professionnelle aux progrès de la nuciculture. J.D.