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Anonymous pour la liberté d’expression sur internet

Dans les années 70, Che Guevara était une icône pour des mouvements révolutionnaires du monde entier. Aujourd’hui avec internet, les Anonymous s’introduisent presque partout au nom de la liberté d’expression. Leur puissance permet notamment de déjouer les rideaux de fer pour accompagner les activistes sur place. Dans leur sphère sur le web, le strict anonymat est préservé souvent pour une question de vie ou de mort. Nicolas Danet et Frédéric Bardeau, auteurs du livre « Anonymous, peuvent-ils changer le monde ? », étaient invités mercredi soir à l’IUT de Brive par « Les Saisons du livre » avec le soutien de la Ville. La conférence a réuni près de 80 personnes de tout âge mais avec une majorité d’étudiants. « Ce qui est intéressant, c’est qu’ils arrivent à faire beaucoup de bruits avec peu de moyens. Ils ne toucheront jamais aux médias et ne supprimeront jamais de contenu » selon ces deux intervenants.

Les « hackers » du web sont apparus en même temps qu’internet… « Dans les années 80, un virus a été envoyé à la NASA pour protester contre des essais atomiques dans le Nevada… Aujourd’hui, le principe est de bombarder d’informations un site internet. C’est le nombre de personnes participantes qui va générer la puissance de l’attaque » explique le duo d’intervenants. « Ces gens, qui dominent la technologie à force d’investigation et de travail, arrivent à développer des compétences qui apparaissent comme surréalistes et surhumaines. Alors qu’en fait, ce sont des compétences techniques que tout le monde peut acquérir selon eux » disent-ils. « Si la première génération de hackers met les mains dans les cartes mère et sont tous des codeurs et des informaticiens de génie, aujourd’hui ce n’est plus vraiment le cas. Beaucoup de gens qui ne touchent pas à l’informatique sont des Anonymous » expliquent Danet et Bardeau.

Ils ont une plateforme sur internet où ils peuvent discuter  librement et anonymement.

Sur la page d’accueil, ceux qui ont envie de parler d’un sujet précis s’en vont et se retrouvent sur d’autres pages, par petits groupes. Il n’est alors pas possible d’y rester en tant que simple observateur, car les autres utilisateurs le voient. Et ils peuvent disparaître ailleurs pour « tchatter » sans regards. Parmi leurs exploits, « ils sont capables de briser la sécurité de certains sites pour s’y introduire. Très souvent, ils remplacent la première page d’un site. Sur un site syrien, c’était par une video d’appel à la révolte. Une attaque difficile à mener. Des hackers du monde entier travaillent sur la Syrie depuis des mois et même des années. Ils changent la page d’accueil de sites comme celui de l’office de tourisme de Damas remplacée par la liste de tous les gens dont on savait qu’ils étaient morts à Damas par balles… Anonymous guettent les vidéos postées par les activistes avec leur téléphone sur You Tube. Ils les trient et les mettent en valeur, par exemple en les traduisant dans toutes les langues. Anonymous a aussi pirater les comptes mails de 78 hauts responsables du gouvernement syrien, dont des échanges de mails entre Bachar El-Assad et sa femme où elle parle d’acheter des colliers chez Tiffany, etc, pendant que son peuple meurt sous les balles. Ils ont rediffusé ces informations auprès du Guardian et de Wikileaks, à tout le monde. Des groupes de hackers créent aussi des « tunnels » cryptés qui permettent aux activistes de sortir des informations sans se faire repérer par la police militaire. Les Anonymous font de la politique, ridiculisent les multinationales, les gouvernements et les entreprises qui font de la surveillance. Ils ont par ailleurs divulgué les noms de personnes qui avaient acheté des objets sur un site nazi, ou encore la liste des utilisateurs d’un site de rencontres américain réservé aux militaires.

Dans quel but ? Les deux intervenants sont convaincus que le réseau peut permettre de « changer le monde dans le bon sens. Ces contestataires ne s’en prennent qu’aux grandes idées, aux pays qui bannissent la liberté d’expression par exemple, ou contre les lois qui cherchent à réguler internet. Souvent par idéologie. Leur contraire, c’est Facebook (mais ils ne l’attaquent pas, car ils s’en servent). Sur ce site,  chacun doit être inscrit avec son vrai nom (ce qui peut permettre le vol de données ou encore le dévoilement d’informations personnelles sur des individus). Eux, ils restent anonymes même quand ils descendent dans la rue, à Paris devant l’église de la scientologie, avec des masques. Les gouvernements et les paradis fiscaux ont le droit d’être anonymes et nous, simples citoyens, on n’aurait pas le droit d’y être ? » explique l’un des spécialistes. A chaque attaque, il y a quelque chose qui tient à la défense de la liberté de l’information et ils s’élèvent contre tous ceux qui censurent internet. « L’affaire Wikileaks en 2010 a fait parler de ce site qui permet de poster des documents de manière anonyme, pour que les gens connaissent la vérité et qu’il y ait de la transparence. Anonymous continue à envoyer des documents à Wikileaks aujourd’hui. Anonymous s’en est pris à tous les gens qui se sont attaqués à Wikileaks comme Paypal. Et là, ça s’accélère complètement, et ça continue. Aujourd’hui, la personne qui en Tunisie s’est immolée par le feu et qui a déclenché la révolution de Jasmin, et après c’était l’Egypte, puis la cascade… Cela ne s’arrête pas. Ils se sont lancés dans une guerre civile numérique et multiplient les opérations. Et le succès vient qu’il y ait de plus en plus de gens qui rejoignent Anonymous et qui participent à ces attaques ». Alain Rassat

En savoir plus. Nicolas Danet et Frédéric Bardeau, auteurs du livre Anonymous paru aux éditions Fyp (presse@fypeditions.com)

Plusieurs sites ont été cités dont 4chan.

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